Chers Amis,

A l’aube d’une troisième semaine de confinement, et dans la période nous séparant du 15 avril au moins, le mot d’ordre reste le même. Nous devons tous respecter les consignes des autorités publiques afin de réduire au maximum la durée et les conséquences de cette période pour la nation. Plutôt que le « plus rien ne sera jamais comme avant », que certains se plaisent à invoquer, mais dont l’histoire a montré le caractère éphémère, c’est le « plus jamais ça » que nous devons entonner en prenant les moyens de sortir au plus vite de la crise actuelle et d’éviter qu’elle ne puisse se reproduire à l’avenir.

Le confinement que nous vivons constitue une terrible régression. Il y a deux semaines encore, l’immense majorité d’entre-nous ne pensait pas revenir à un mode de vie aussi primitif. Nous sommes passés, en quelques jours seulement, du XXIème siècle au Moyen-Age, voire à l’âge des cavernes, prêts à abdiquer l’essentiel de nos libertés, par égard pour les autres dans le meilleur des cas, par crainte pour notre santé dans les autres.

Le plus grave pour notre civilisation est la solitude dans laquelle sont laissés beaucoup de malades, âgés en particulier, à l’heure de leur départ et les conditions dans lesquels ils sont enterrés, dans la plus stricte intimité ou bien pire, comme on l’a vu en Chine bien sûr, mais aussi plus près de nous en Espagne. Tout cela est peut-être immédiatement nécessaire, mais n’est pas digne de notre société, ni des valeurs que nous professons.

La peur de l’autre est le corollaire de la distanciation sociale, qui est actuellement imposée. Le prochain est devenu une menace et l’évitement la stratégie recommandée. C’est donc une douloureuse régression en humanité que nous sommes en train de vivre, heureusement relevée par l’action de nos soignants, policiers, pompiers, militaires, bénévoles, livreurs, caissières ou caissiers et par toutes les belles initiatives que nous voyons éclore. C’est pour cela que nous devons sortir au plus vite de cette triste période, en tirer l’ensemble des enseignements nécessaires et prendre toutes les mesures pour éviter qu’une situation similaire puisse se reproduire.

En plein milieu de la crise sanitaire, il faut se garder des jugements à l’emporte-pièce et des conclusions hâtives. Mais force est pour l’instant de constater qu’au sein de l’Europe, ce sont les pays qui se sont les plus appauvris depuis 20 ans, Italie, Espagne et France, qui payent le plus lourd tribut à la pandémie. Il est probable que la détérioration des finances publiques a pesé sur les moyens des hôpitaux. Des budgets mieux tenus nous auraient permis, comme l’Allemagne, de disposer des tests et des masques nécessaires. C’est pour cela qu’il faudra, une fois la crise passée, s’atteler sans délai à la remise en ordre des comptes publics, tout en assurant la relance nécessaire.

Contrairement à ce que certains veulent affirmer, la crise sanitaire ne constitue en rien une démonstration de force pour les régimes autoritaires et les dictatures les plus digitalisées. La Chine a une responsabilité considérable dans le développement de la pandémie, en ayant tardé à la reconnaître, à la traiter et à adopter les dispositions indispensables pour empêcher son exportation. Plutôt que de claquer maintenant leurs portes aux nez des étrangers pour protéger leur population, les autorités chinoises auraient dû fermer leurs frontières dès novembre 2019 et stopper beaucoup plus tôt les vols qui ont favorisé la propagation mondiale de l’épidémie.

Il serait légitime de faire assumer par la Chine ses responsabilités et une grande partie du coût de la crise actuelle. C’est le rôle de nos gouvernants et de ceux de l’Union européenne d’agir en ce sens. Il leur revient aussi de prendre toutes les mesures barrières afin que les sociétés chinoises ne tirent pas maintenant profit de leur avance dans le cycle de la pandémie pour racheter à vil prix certaines de nos entreprises au cœur de la crise, comme elles commencent à tenter de le faire. Il en va de notre souveraineté et de notre indépendance.

L’autre enseignement de la crise est la faiblesse des nouvelles technologies. Si elles peuvent être adéquatement utilisées par certains États en complément d’autres moyens plus traditionnels, elles ont pour l’instant été moins efficaces que les tests et les masques. Surtout, elles n’ont pas permis de prévoir et d’éviter la crise actuelle. L’homme augmenté, dont les prophètes sont soudainement devenus muets, a fait place à l’homme diminué ou confiné. C’est pour notre monde une belle leçon d’humilité.

La faillite des experts esg une quatrième leçon. La plupart de ceux qui se prétendent l’être n’ont pas su non plus voir venir l’épidémie. Le fait que le comité dit scientifique ait validé la tenue du premier tour des élections municipales en France le discrédite assez largement et montre la limite de ses avis. C’est une grande leçon de l’histoire. La République des experts a toujours échoué. La défaite des généraux français de la IIIème République et de la ligne Maginot en est le meilleur exemple. C’est donc bien au pouvoir politique qu’il revient de trancher et de gouverner, sans déléguer sa responsabilité aux experts.

C’est finement une formidable ode à l’homme, à sa fragilité, à ses faiblesses, mais aussi à ses forces et à sa grandeur, que constitue la période actuelle. Au-delà des mesures sanitaires, économiques et logistiques immédiates à prendre, en particulier de la montée en puissance des réserves en masques et tests dont nous nous dotons enfin, c’est grâce aux initiatives individuelles et collectives que nous sortirons grandis de la crise, après que les systèmes, les organisations et les machines ont failli. C’est aussi grâce à ces initiatives que nous pourrons reprendre rapidement notre marche en avant et construire le monde d’après.

Je souhaite, pour terminer, rendre un nouveau vibrant hommage à tous nos soignants, pharmaciens soldats, policiers, pompiers, agriculteurs, livreurs, caissiers, entrepreneurs ou salariés des industries essentielles et aux bénévoles. Ils sont notre chance, notre force et notre fierté. Ils méritent notre reconnaissance et celle de la nation tout entière.

Bon nouveau week-end en confinement à tous, dans un esprit de solidarité, de confiance et d’Espérance

Amicalement

François Vigne

Président de la France en marche

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