Chers Amis,
En avant ! Nous avons enfin une date pour le démarrage du déconfinement. Il faut regretter qu’elle soit plus tardive que chez nos voisins. C’est une raison de plus pour respecter d’ici-là les consignes des autorités publiques afin de hâter et d’accélérer la libération commune. Car c’est notre responsabilité collective de tout faire pour permettre à notre pays de sortir par le haut de la crise sanitaire et de redémarrer dès que possible.
Il faut en effet sortir du confinement. Ce fut une mesure d’urgence face au manque de lits de réanimation, de respirateurs, de tests et de masques, mais ce n’est pas la solution. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Les trois pays qui ont confiné le plus sévèrement en Europe, à savoir la France l’Italie et l’Espagne, sont aussi ceux qui connaissant la plus forte mortalité, comme vous le verrez de nouveau dans le tableau ci-dessous. Il est trop tôt pour affirmer qui est la poule et qui est l’œuf dans cette affaire. Mais il est déjà clair que ces trois pays, dont fait malheureusement partie le nôtre, qui présentent les plus mauvaises performances face à la crise du coronavirus sont aussi ceux dont les finances publiques sont les plus dégradées au sein de l’Union, dont les dettes publiques les plus élevées et dont la gouvernance politique est la plus médiocre.
Il est triste de le constater, mais la gestion française de la crise sanitaire a été, comme le souligne Nicolas Baverez dans Le Point de jeudi, des plus mauvaises, plaçant notre nation au quatrième rang mondial par le nombre de victimes malgré la formidable mobilisation de nos soignants. Si nous avions eu la chance de bénéficier d’une gestion à l’allemande, ce sont plus de 14 000 vies sur les quelques 17 000 déjà perdues qui auraient été sauvées et 8 200 sur plus de 17 000 toujours si nous avions suivi une gestion suédoise, sans contrainte de confinement. Même les Etats-Unis continuent, à date, à avoir deux fois et demi de morts de moins que nous en proportion de leur population !
Derrière cet échec, c’est le délabrement de notre État et l’appauvrissement de la France qui sont en cause. Les 35h, le clientélisme, la préférence des dirigeants qui se sont succédé depuis 1981 pour les dépenses immédiates plutôt que pour l’investissement et leur incapacité à mener une gestion responsable des finances publiques ont conduit à une véritable tiers-mondisation de notre pays, dont nous payons tous aujourd’hui les frais. Notre système de santé garde une force : celle d’être ouvert à tous et de traiter l’ensemble des patients sur un pied d’égalité, quelles que soient leurs ressources. Mais cette égalité se réalise désormais dans la pauvreté, avec une dégradation rapide de la qualité des soins sur laquelle la crise du Covid 19 jette une lumière crue.
Ce n’est pas en dépensant plus que nous redresserons notre système. Les bien meilleurs résultats de l’Allemagne sont atteints avec un pourcentage de PIB (11,2%) affecté aux dépenses de santé identique. Beaucoup de pays, à commencer par le Canada, la Corée, la Suède ou Singapour, font mieux avec moins. L’enrichissement de la France nous donnerait des capacités supplémentaires pour investir, mais c’est d’abord en réorganisant totalement notre système, en développant la prévention, en rationalisant les structures, en privilégiant l’investissement sur le fonctionnement, en responsabilisant les acteurs et en stoppant la guerre entre hôpitaux publics et cliniques que nous parviendrons à progresser et à remettre notre système de santé à niveau.
Nous ne pourrons de toute façon pas nous permettre de dépenser plus. Dans son sévère avis de mercredi, le Haut Conseil des finances publiques lui-même estime que les prévisions budgétaires, pourtant déjà noires, utilisées par le ministère des Finances pour établir le budget rectificatif voté hier, sont trop optimistes. Il est extrêmement improbable que le retour à une activité normale sera rapide et que l’économie connaîtra un rebond fort en 2021. Il est donc quasi acquis que la dette publique dépassera 115% du PIB d’ici la fin de l’année, que le déficit public sera supérieur à 9% du même PIB et que les dépenses publiques représenteront plus de 61% de celui-ci.
Si nous ne faisons rien, c’est le socialisme d’Etat qui nous guette, avec la faillite rapide à laquelle il a toujours conduit. Des députés de l’opposition sont irresponsables quand ils mentent aux Français en déclarant qu’ils ne devront pas payer le prix de la crise ! Il est encore plus stupéfiant de voir, dans Le Point, le président de la République affirmer avec fierté « nous avons, si j’ose dire, nationalisé le paiement de salaires ». C’est ce qu’avaient fait l’URSS de Staline, la Chine de Mao ou Cuba de Castro. François Hollande et son entourage en rêvaient. Emmanuel Macron l’a fait. Aujourd’hui, ce sont près de 35 millions de Français, salariés, retraités, fonctionnaires et agents publics, chômeurs, bénéficiaires d’allocations, qui sont rémunérés par l’Etat et ses démembrements. Il est urgent de sortir au plus vite de ce piège mortel.
La seule façon d’y parvenir est de reprendre le travail, dans des conditions de travail aménagées pour assurer la sécurité de tous en concertation avec les partenaires sociaux responsables et dans le respect du principe de subsidiarité. C’est possible puisque nos voisins, qui ne sont pas irresponsables et parviennent à mieux protéger leur peuple du coronavirus que nous, ont déjà commencé à le faire, pour le Danemark, l’Autriche, la Norvège, etc., ou s’y apprêtent, s’agissant de l’Allemagne, de la Belgique, de l’Italie et de l’Espagne. Nous devons être conscients que la France est, avec l’Inde et l’Afrique du Sud, le pays où les usines se sont le plus arrêtées. Nous le devons à impréparation de nos autorités face à la crise sanitaire et au régime le plus généreux du monde que nous avons mis en place pour le chômage partiel. Il a incité les salariés à plus s’arrêter qu’ailleurs, sans bénéfice confirmé pour leur santé. Il ne les pousse pas à reprendre…
A nos dirigeants maintenant de nous doter des masques, tests et autres gels ou médicaments nécessaires. A nous tous de respecter les gestes barrières et les mesures de bon sens permettant de reprendre au plus vite une vie normale, tout en préservant la santé de nos concitoyens. La création de pistes cyclables temporaires en fait partie. Plutôt qu’à la bureaucratie, faisons confiance à l’intelligence collective et à l’imagination des Français. C’est grâce à elles que nous nous sommes toujours relevés et que nous pourrons demain stopper la dégringolade de notre pays. C’est ainsi que nous pourrons redresser l’Etat et notre système de santé. C’est ainsi aussi que nous pourrons dégager les moyens nécessaires pour aider les plus fragiles d’entre-nous.
Les 400 milliards d’euros au moins, que vont nous coûter les 8 semaines de confinement, nous auraient permis de consacrer plus de 45 000 euros à chacune des 8,5 millions de personnes qui vivent en France sous le seuil de pauvreté, soit plus de quatre et demi leur revenu annuel. Les bénéfices en termes sanitaires auraient été bien supérieurs à ceux que nous retirerons de la crise actuelle. C’est dans cette perspective aussi qu’il faut rouvrir les écoles, en suivant l’exemple de nos meilleurs voisins au sein de l’Union.
Nous devons aussi, dans un esprit européen de responsabilité et dans l’intérêt de notre peuple, faire tous les efforts possibles pour permettre une sortie coordonnée du confinement et éviter de retarder les autres. C’est beaucoup plus important pour l’avenir de l’Union que de discourir sur les Eurobonds.
Après un mois de mise à l’arrêt du pays, il est temps de revenir à la vie. Contre le confinement long, nous devons effectuer le choix de la reprise du travail, contre le recroquevillement, nous devons faire celui du redressement, contre la peur, nous devons réaliser celui de l’Espérance ! Ensemble, choisissons l’avenir de la France et fixons-nous comme ambition de sortir plus grands de la crise que nous y sommes rentrés.
Bon week-end à tous, dans la préparation du déconfinement et de la victoire contre la crise sanitaire
Amicalement
François Vigne