Même si la crise sanitaire et le confinement le font oublier, nous  fêtons aujourd’hui l’Europe et le soixante-dixième anniversaire de la déclaration de Robert Schuman. Contrairement à ce que certains ont voulu affirmer, l’Union n’a pas démérité depuis le début de la crise. Elle a adapté dans l’urgence ses règles pour permettre aux États membres de développer la gestion de crise qu’ils souhaitaient. Elle a favorisé la mise en place de coopérations sanitaires entre eux. La Banque Centrale Européenne a également joué son rôle pour assurer la liquidité interbancaire nécessaire et le soutien à l’économie.

Mal guidés par leurs dirigeants actuels, les Français placent aujourd’hui la construction européenne au dernier rang de leurs priorités. C’est une erreur. Car l’Union est notre chance face à la crise sanitaire actuelle.

Cette dernière a mis en lumière nos faiblesses : un système de santé défectueux faute d’avoir réalisé les investissements nécessaires et épongeant encore les conséquences de la réforme des 35h, un État hypertrophié, mais appauvri et totalement défaillant, des finances publiques toujours en pleine dérive qui ne nous offrent aucun ressort pour repartir, une réglementation et des pratiques syndicales incitant nos entreprises industrielles à délocaliser vers des pays plus accueillants.

Sur tous ces sujets, l’Europe n’est pas le problème, mais la solution. Les très mauvais résultats de la France dans la lutte contre le coronavirus montrent que nous devons nous inspirer de nos partenaires qui ont mieux réussi, Allemagne, Autriche et Danemark en tête. La crise du Covid 19 confirme aussi que c’est en unissant nos efforts en matière de renseignements, de recherche, de production médicale sur le sol européen, de mise à disposition de lits ou d’équipements sanitaires que nous viendrons à bout de la crise actuelle et que nous éviterons les suivantes.

C’est aussi en assurant une bonne coopération entre nos nations et en unissant nos forces que nous gagnerons la bataille de la reprise. Cette dernière est clef. Alors que la récession et que le chômage de masse menacent, nous devrons tout faire pour relancer la machine et sortir par le haut de la crise actuelle, tout en poursuivant la mise en œuvre de nos objectifs de transition énergétique et en renforçant la souveraineté de nos nations face aux visées des autres puissances, à commencer par la Chine.

Tout ceci est possible. Encore faut-il que nous le voulions et que nous agissions. Depuis trois ans, Emanuel Macron a eu le tort de rester dans l’incantation et le discours. Il a également choisi d’agir en solitaire, cherchant à appliquer sa conception verticale du pouvoir à une Europe où collégialité et esprit d’équipe sont indispensables. Surtout, il a tenté de faire régler par nos partenaires les conséquences des largesses budgétaires qu’il s’est autorisé pour tenter de trouver une issue à la crise des Gilets jaunes et de la réforme des retraites, ainsi que de son incapacité à maîtriser nos finances publiques. Les conséquences sont claires. Au lieu de faire progresser l’Union, le président français actuel l’a fait reculer, tant son cavalier seul a agacé ses homologues européens, de l’Allemagne à l’Europe du Nord en passant par l’Italie.

L’heure est venue de changer d’approche. La force des fondateurs de l’Union fut, comme l’affirmait Robert Schuman, de dépasser les vaines paroles et de privilégier les réalisations concrètes. C’est cette dynamique que nous devons maintenant retrouver.

Notre responsabilité collective est de promouvoir et de construire une nouvelle Europe, une Europe de la santé, une Europe du médicalement, une Europe du digital, bref une Europe de projets concrets et proche des préoccupations de chacun, une Europe sûre de ses valeurs, une Europe fière de ses succès, une Europe servante efficace du bien commun pour les peuples des États qui la composent, une Europe moderne, innovante et agile, débarrassée de ses lourdeurs technocratiques et claire sur ses ambitions comme sur ses objectifs. Dans cette nouvelle Europe, les jeunes auront toute leur place et l’ensemble des peuples, à commencer par le nôtre, de nouvelles raisons d’espérer.

Le 9 mai 1950, Robert Schuman appelait les Français, les Allemands et les autres pays de l’Union naissante à dépasser les « vaines paroles » et à poser « un acte hardi, un acte constructif », celui de la construction de l’Europe à partir de réalisations concrètes « pour que la paix puisse vraiment courir sa chance » ! C’est en faisant preuve, à notre tour, de hardiesse, de créativité et de détermination que nous pourrons vaincre la crise actuelle, donner un meilleur avenir à notre pays et offrir nouvelle jeunesse à l’Union, pour le meilleur intérêt de la France et tous les Français.

Ensemble, construisons dès aujourd’hui l’Europe de l’avenir, une Europe meilleure, l’Europe que nous voulons.

lfm_2016