Après deux mois et demi de confinement strict qui ont mis à terre l’économie française, la reprise reste à gagner. Après celui annoncé par Renault, une multitude de plans sociaux se préparent, qui vont peser sur l’opinion. Les ménages devraient continuer à épargner et les chefs d’entreprise à retarder leurs investissements, ce qui ralentira le redémarrage, s’il ne le paralyse pas.
Dans ce contexte, une autre approche est nécessaire. Le gouvernement a choisi d’accompagner le confinement sévère qu’il a imposé pendant la crise sanitaire d’une nationalisation des salaires et du maintien des revenus des ménages. Lors de la crise des Gilets jaunes déjà, 50% des sommes distribuées par l’Etat avaient été épargnées. Les Français ont de nouveau épargné 55 milliards d’euros entre mars et mai, mettant dans leur bas de laine l’essentiel de la manne publique.
Cette attitude est logique. Les Français constituent une épargne de précaution en prévision de la forte hausse du chômage et des hausses fiscales à prévoir. Le problème est que la thésaurisation de ces sommes a un effet récessif, puisqu’il ne se convertit ni en dépenses, ni en investissements.
C’est pour cela qu’il faut changer de méthode. Après avoir subventionné les Français, l’exécutif doit se donner pour priorité l’investissement, qui irriguera le circuit économique et accélèrera la reprise au profit de l’emploi, des entreprises et du désendettement national.
En particulier, l’Etat peut efficacement soutenir la filière automobile en remplaçant tous les véhicules anciens et polluants de l’administration par de nouveaux véhicules verts. Il doit aussi investir dans la rénovation thermique de tous ses bâtiments, qui sont souvent des passoires thermiques. Cela permettra d’assurer la pérennité des entreprises et de l’emploi dans la filière du bâtiment, de renforcer le leadership des nombreux champions français de l’industrie des matériaux isolants, tout en accélérant la transition énergétique et la réduction de la pollution atmosphérique.
De nombreux autres investissements sont possibles au service de la croissance, de l’emploi et des objectifs stratégiques des nations, comme de ceux de l’Union européenne. Après trois mois de gestion dans l’urgence et à la petite semaine, il est urgent que la France reprenne son destin en main. Il est temps de se doter d’une stratégie digne de ce nom et des moyens d’investissement nécessaires au service d’une vision pour la France et pour son avenir.