Chers Amis,

Il y 76 ans des milliers d’hommes, souvent jeunes, venaient de s’élancer à l’assaut des côtes normandes pour nous délivrer du joug nazi. Ils étaient Français, Américains, Anglais, Canadiens, Australiens et de bien d’autres nationalités, conscients du danger, mais prêts à faire le don de leur vie pour sauver notre liberté. Heureusement pour nous, leurs gouvernants ne leur avaient pas dit restez chez vous, mais au contraire n’ayez pas peur et sortez de chez vous pour défendre nos valeurs, libérer vos prochains et sauver ce que nous avons de plus cher. Alors que nous sortons vraiment enfin du confinement, c’est à leur sacrifice, à leur courage et à leur grandeur que je veux rendre hommage.

Près de 80 ans après le Jour J, nous sommes toujours redevables à ces héros. Pour honorer leur mémoire, notre responsabilité est double. Il nous revient d’abord de reprendre la flamme du combat pour la liberté et la dignité de l’homme. C’est ce qu’ont fait les Américains qui se sont mobilisés afin d’obtenir justice pour George Floyd. Les habitants de Hongkong méritent le même soutien. Nombre d’entre-eux viennent de montrer leur courage en bravant l’interdiction des autorités chinoises pour commémorer le massacre de la place Tiananmen. Boris Johnson se grandit en se préparant à offrir le passeport britannique à près de 3 millions d’Hongkongais. C’est maintenant la responsabilité des gouvernants français de mobiliser toute l’Union européenne pour défendre les droits et libertés des habitants de Hongkong et derrière eux, de ceux de Taïwan, qui constitue la prochaine cible du gouvernement chinois.

Honorer la mémoire des héros du débarquement, c’est aussi tout mettre en œuvre pour sortir notre pays de la crise dans laquelle il vient d’être plongé. Comme nous l’avions calculé il y a déjà plusieurs semaines, le ministre de l’Economie et des Finances, ainsi que celui du Budget, ont confirmé que le déficit budgétaire dépasserait les 11% du PIB et que notre dette publique atteindrait au moins 121% du PIB. Cette situation ne doit pas nous désespérer, mais nous inciter à accélérer la reprise et à travailler plus pour rattraper le temps perdu et la richesse collective détruite. Plusieurs fois dans le passé, les générations qui nous ont précédés ont réussi. Nous avons tous les atouts pour faire au moins aussi bien, à condition d’en avoir la volonté et des dirigeants à la hauteur du défi.

Dans cette perspective, il convient de commencer à dresser le bilan de la crise sanitaire et de corriger sans délai les dysfonctionnements qui demeurent. Rien ne justifie que 62 stations de métro restent fermées à Paris, sinon l’incapacité des pouvoirs publics à obtenir le retour au travail de certains agents de la RATP. Il devient aussi de plus en plus inacceptable que tant d’élèves soient privés d’école, alors que toutes les dernières études confirment que les enfants sont très peu contaminés et sont de tout petits contaminateurs. Comment comprendre enfin que le gouvernement n’autorise les restaurateurs d’Ile-de-France à n’ouvrir qu’en terrasse jusqu’au 22 juin, alors qu’il a levé la règle d’inoccupation d’un siège sur deux dans les rames confinées des trains de la SNCF ? Il semble que le pouvoir n’ait découvert hier qu’il peut pleuvoir et faire frais à Paris en juin !

La situation actuelle le démontre. Ce ne sont pas les mesures gouvernementales qui ont chassé le Covid-19, mais lui qui a choisi de prendre la poudre d’escampette partout dans l’hémisphère nord au moins. Les quatre scénarios présentés jeudi par le soi-disant Conseil scientifique confirment également que le choix d’un long confinement strict a été une erreur que les pouvoirs publics n’entendent pas renouveler. Cela doit amener nos dirigeants à l’humilité. Ce ne sont pas eux qui ont gagné, mais le virus qui a pour le moment déserté. C’est une raison supplémentaire pour renoncer au technocratisme centralisateur et à ses lenteurs pour lui préférer pragmatisme, agilité et observation des faits. Et nous devons surtout préparer le combat d’après.

Ce qui a permis la victoire rapide des Alliés à partir du Débarquement, c’est l’intensité de la préparation. Elle a pris des mois, des années même. Tout avait été pensé, réfléchi à l’avance. Cela fit la recette du triomphe et c’est exactement ce qui nous manque aujourd’hui. Il est frappant de constater comment les gouvernants français ont toujours agi, depuis le début de cette crise, en mode panique, avec au moins un temps de retard et en préparant souvent la bataille d’avant plutôt que celle d’après. Les dirigeants allemands ont fait tout le contraire avec le succès que nous voyons.

Il y a trois jours encore, ils ont pris une nouvelle longueur d’avance en communiquant leur plan de relance, alors que l’exécutif français hésite encore à rendre public celui qu’il prépare entre juillet et la rentrée de septembre. Loin de nos débats d’arrière-garde sur l’augmentation de l’ISF ou d’autres impôts, et sans s’embarrasser des contraintes communautaires, les Allemands ont fait le choix intelligent de la baisse générale du taux de TVA, d’allègements fiscaux pour les entreprises et d’aides aux familles. Il faut dire que la maîtrise qu’ils ont su garder de leurs finances publiques leur offre cette liberté.

Rien ne nous empêche de faire aussi bien et meêm mieux ! Encore faut-il que nous le voulions et que nous en prenions les moyens. Les jeux de pouvoir actuels, les manœuvres politiciennes autour du projet de remaniement ou la polarisation de la majorité sur la préparation d’un acte III du quinquennat en vue des prochaines élections présidentielles ont quelque chose d’indécent au regard des enjeux du moment. Préparer le monde d’après, ce n’est pas ressortir avec paresse les vieilles revendications ou les élucubrations du passé sur un illusoire grand soir, qu’il soit social, environnemental ou autre.

Préparer le monde d’après, c’est redresser l’Etat qui a tant failli au cours des dernières semaines, c’est  reconstruire le système scolaire, pour qu’il n’arrive plus jamais que tant élèves soient laissés à l’abandon comme aujourd’hui, c’est rebâtir et investir dans notre système de santé, afin que jamais plus notre pays ne présente l’un des pires bilans humains d’une crise sanitaire, c’est refonder notre système d’accueil et d’hébergement des personnes âgées pour éviter un nouveau scandale des EHPADs et l’isolement forcé de nos ainés, c’est rétablir notre état de droit pour que nos libertés ne soient plus jamais foulées aux pieds comme elles viennent de l’être. Pour tout cela, il est urgent d’arrêter d’infantiliser les Français et de leur faire confiance, ainsi qu’à leur esprit de responsabilité.

76 ans après, c’est cette nouvelle bataille de France qu’il faut mener, au service d’une France libre, d’une France debout, d’une France placée de nouveau sur le chemin de la croissance, de la grandeur et de la prospérité, ainsi que de Français libérés au sein d’une Europe responsable, solidaire et forte.

Bon week-end à tous, en communion avec les héros du 6 juin 1944 et au service d’une France qu’il nous revient de reconstruire

Amicalement

François Vigne

Président de la France en marche

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