Déclaré le 23 mars 2020, l’état d’urgence sanitaire a été prolongé jusqu’au 10 juillet. Alors que le gouvernement envisage de le reconduire jusqu’à l’automne, il convient au contraire de le lever sans délai. Rien ne justifie son maintien. Tous les indicateurs témoignent en effet de la désertion du virus, en France comme dans le reste de l’Union européenne et de la plupart des pays occidentaux.

Dispositif exceptionnel pouvant être mis en place en cas de catastrophe sanitaire mettant en péril la santé de la population, l’état d’urgence sanitaire doit rester l’exception. Il rend en effet possible des restrictions majeures à la liberté d’aller et venir, à la liberté d’entreprendre et à la liberté de réunion, des mesures de réquisition, comme des décisions de contrôle des prix, exorbitantes du droit commun et profondément attentatoires aux droits fondamentaux des citoyens.

Nous vivons depuis près de trois mois sous une forme d’article 16 qui ne dit pas son nom. Or la Constitution elle-même dit de celui-ci que les mesures qui l’accompagnent doivent être inspirées par la volonté d’assurer, dans les moindres délais, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics. Nous sommes désormais dans cette situation et c’est pour cela que la République doit retrouver son cours normal et les droits et libertés fondamentales être de nouveau pleinement assurées.

Depuis 2015 et sous couvert de la lutte contre terrorisme, les gouvernants ont pris la mauvaise habitude de maintenir trop longtemps des dispositifs d’exception. Cette situation n’est pas conforme à l’esprit des institutions, ni aux valeurs qui doivent animer une démocratie digne de ce nom. S’il faut que les pouvoirs publics puissent prendre les mesures nécessaires lorsque la situation l’exige, il convient également de s’assurer que l’exception reste l’exception.

Il est plus que temps que nos dirigeants renoncent à la facilité de l’état d’urgence. C’est une solution de confort qui leur assure plus de tranquillité aux dépens des citoyens et de leurs droits fondamentaux. Il est impératif que nous mettions fin à cette dérive et revenions à un fonctionnement des pouvoirs publics conforme aux exigences de la République. L’avenir de notre démocratie en dépend.

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