Chers Amis,

Le général de Gaulle est à la mode. Tous nos dirigeants politiques s’en réclament. Tant mieux. Il avait placé au cœur de son projet le redressement de la France et le rétablissement de l’Etat. Car il considérait le crédit des lois, la cohésion des gouvernements, l’efficience des administrations, le prestige et l’autorité de l’État indispensables pour assurer l’avenir du pays et le préserver de la dictature. Plus d’un demi-siècle après son départ du pouvoir, tout est à refaire en la matière, comme le montrent les derniers évènements.

Les violences de Dijon ont témoigné de la déliquescence de l’Etat. Il n’est pas acceptable que la ville ait été mise en coupe réglée par des bandes tchétchènes sans que la police intervienne. Cela l’est encore moins si les renseignements généraux étaient au courant de ce projet de vengeance, ce qui semble être le cas d’après les dernières informations. Cela confirme aussi que le problème de la France n’est pas celui des violences policières, mais celui des zones de non-droit. Toute bavure doit être sanctionnée. Mais le ministre de l’Intérieur ferait mieux de concentrer ses efforts sur l’éradication des zones de non-droit plutôt que de perdre 15 jours à interdire, puis réautoriser aux policiers l’usage de la clef d’étranglement dans le cadre d’opérations d’interpellation.

Quelle déchéance pour la police de la République d’en être réduite à contrôler des fiches absurdes de déplacement en période de confinement, tout en étant placée dans l’incapacité d’assurer l’ordre public, ainsi que la protection des citoyens, face aux exactions violentes des bandes ! Voir des policiers apeurés face à des Tchétchènes déchaînés envoie un très mauvais signal à l’ensemble du pays. Une nouvelle fois en quelques semaines, l’Etat a failli.

En refusant de le reconnaître dimanche dernier, Emmanuel Macron a commis une erreur. Comme l’a déclaré le général de Gaulle, « il n’y a de réussite qu’à partir de la vérité. » Car aucun problème ne peut être efficacement traité si le diagnostic préalable est faussé. En affirmant que l’Etat avait tenu, que nous n’avions pas à rougir de notre bilan et que le virus nous avait frappés plus fort que beaucoup d’autres, le chef de l’exécutif n’a pas dit la vérité aux Français. Tout le monde le sait désormais, l’Etat s’est effondré pendant le confinement. Les auditions qui se succèdent auprès de la commission d’enquête parlementaire en attestent. Si soignants, militaires ou pompiers ont été à la hauteur de leur mission, cela n’a pas été le cas de l’école, de la justice, de la poste, des transports publics et de bien d’autres services publics, qui ont lâché quand les entreprises privées tenaient bon.

Il y a urgence à rétablir la vérité et à entreprendre le redressement de l’Etat. Cette priorité est absolue, comme l’est l’urgence environnementale. Elle doit s’accompagner d’un assainissement de nos finances publiques. C’est à cette double condition que nous pourrons assurer demain la croissance, le plein-emploi, la bonne santé de toutes les Françaises et de tous les Français, la transition énergétique, ainsi que la souveraineté nationale. Nous devons tous en être conscients. La fuite en avant actuelle et la dérive incontrôlée de nos finances publiques nous placent dans une dépendance totale de l’Allemagne et sous son bon vouloir concernant nos marges de manœuvre budgétaires. L’échec du sommet européen d’hier et le report à juillet de sa décision sur le plan de relance européen confirment pourtant que nous ne devons compter que sur nous-mêmes.

Le rétablissement de l’Etat est indispensable. Comme le constatait le général de Gaulle en 1946 dans son discours de Bayeux, « le trouble dans l’État a pour conséquence inéluctable la désaffection des citoyens à l’égard des institutions. Il suffit alors d’une occasion pour faire apparaître la menace de la dictature. » Ce risque n’est pas une chimère, il est réel comme le démontrent les restrictions disproportionnées apportées aux libertés publiques pendant la période de confinement que les juges commencent tout juste à sanctionner, les révélations avant-hier de la juge Éliane Houlette sur les pressions qu’elle a subies de la part du pouvoir pour détruire le candidat Fillon lors des dernières présidentielles ou le vote de la loi Avia par la majorité.

Comme l’a justement dénoncé François Sureau, il s’agissait d’une des atteintes les plus graves portées depuis vingt ans à la démocratie politique, le « fait d’une majorité qui se réclamait du progressisme et s’en est fait le fossoyeur, de manière bienveillante, molle et détournée, qui est bien pire qu’un assaut frontal ». Le Conseil constitutionnel vient heureusement de censurer cette législation scélérate, mais le simple fait que le parti présidentiel et ses vassaux aient pu la cautionner, il y a quelques jours seulement, démontre que la menace reste entière.

Le combat pour la liberté est à la racine de notre projet politique. C’est un combat pour la France, pour la République et pour notre civilisation. C’est pour cela que nous nous sommes mobilisés contre la voie chinoise du confinement strict suivie par l’exécutif depuis le début de la crise sanitaire. Comme le rappelait le général de Gaulle, « à la base de notre civilisation, il y a la liberté de chacun dans ses pensées, ses croyances, ses opinions, son travail, ses loisirs. » Ces différentes références confirment qu’il y a autant de distance entre le macronisme et le gaullisme qu’entre le gaullisme et le pétainisme.

Soyons clair, le général de Gaulle n’est pas l’horizon indépassable de la politique française. Il fut, de loin, le plus grand homme politique du XXème siècle. Il l’a d’autant plus été qu’il n’était pas un homme du passé. Il était le premier à critiquer les nostalgiques des lampes à huile et de la marine à voile. L’amour de la France et les valeurs de rassemblement, de service et de liberté qui l’animaient, restent d’une parfaite actualité. Elles sont au cœur de notre engagement. Mais nous ne devons pas être prisonniers de son héritage. Au contraire, c’est la responsabilité de notre génération de mettre en œuvre, à notre tour, un projet politique puissant, agile et visionnaire permettant d’assurer la grandeur, le succès et la prospérité de notre pays, ainsi que de son peuple.

Ensemble, offrons à la France et à l’Europe l’avenir qu’elles méritent, dans la liberté, l’Espérance et la pleine souveraineté.

Bon week-end à tous

Amicalement

François Vigne

Président de la France en marche

 

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