Comme le confirment les chiffres publiés vendredi par le ministère du Travail, le combat contre le chômage reste à mener. Le nombre de chômeurs de catégories A, B et C a stagné par rapport au trimestre précédent pour se maintenir à 5,9 millions de personnes, en baisse de seulement 0,4 % malgré un contexte toujours très favorable.

Surtout, le chômage de longue durée a continué à croître de 0,3 % entre janvier et mars, soit + 3,5 % par rapport au premier trimestre 2018. Ce sont désormais 2,8 millions  de Françaises et de Français qui sont concernés, soit 47,9 % des demandeurs d’emploi en catégories A, B et C !

Il faut une autre politique pour lutter contre ce fléau français et atteindre le plein-emploi. La conjoncture ne peut être invoquée pour justifier la contre-performance nationale. Si les nuages s’accumulent à l’horizon, ils n’ont pas encore commencé à produire leurs effets. Nous sommes le seul pays développé dans lequel le chômage ne baisse pas ! Le fait que les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’Allemagne battent, malgré les difficultés auxquels ils font face, des records d’emploi prouve que c’est la politique actuellement menée qui est en cause.

Emmanuel Macron a commis une double erreur de diagnostic après son élection en mai 2017 : celle de croire que le monde allait continuer à bénéficier d’une conjoncture porteuse, alors qu’il était clair que la fin de cycle de croissance était proche et, surtout, de considérer qu’il suffirait d’alléger les lourdeurs juridiques françaises en matière de droit du travail pour  faire repartir l’emploi.

La première barrière à l’emploi en France n’a jamais été le droit du travail, certes lourd et contraignant. Il faut être technocrate, avec une trop courte expérience de l’entreprise, pour le penser. Le vrai obstacle français au plein-emploi est le coût du travail et, plus précisément, la surcharge que subissent entreprises et salariés de l’Hexagone en matière de charges sociales et prélèvements obligatoires.

C’est pour cela qu’il est urgent de s’attaquer enfin à la baisse des dépenses de fonctionnement de l’Etat. Il ne faut plus attendre pour transformer en profondeur et simplifier l’architecture administrative et politique nationale pour en réduire le coût. La France n’en prend malheureusement toujours pas le chemin, comme l’a confirmé la conférence de presse du chef de l’Etat de lundi dernier. Sa décision de faire supporter aux seules entreprises le coût des mesures de pouvoir d’achat est au contraire un nouveau pas dans la mauvaise direction, dans la droite ligne de la politique menée depuis 2012.

La réduction volontariste des dépenses publiques est pourtant indispensable pour rétablir la compétitivité de notre économie, tout en assurant la reprise du pouvoir d’achat. C’est à cette condition, et à cette condition seulement, que les sacrifices consentis par les salariés français dans le cadre des ordonnances Travail pourront produire leurs effets.

À cette double erreur de diagnostic initiale, l’exécutif a ajouté la faute de gripper le moteur de la construction, comme le confirment les derniers chiffres de la construction publiés aujourd’hui. Ils continuent de dégringoler ! À fin mars et sur 12 mois, les autorisations de logements sont en recul de 8,2%. Les mises en chantiers régressent de 5,2%…

Il est profondément dommage qu’Emmanuel Macron n’ait pas tiré les conséquences de son expérience de conseiller économique de François Hollande à cette époque et ait réédité la même erreur. Concentration de la fiscalité sur l’immobilier et mise à l’arrêt du secteur du logement social ont eu pour effet logique de bloquer un ressort clef de l’économie française, avec les effets que nous constatons sur la croissance et sur l’emploi.

Il n’y a pas de fatalité ! Il est urgent de redresser la barre en réduisant enfin l’excès de dépenses publiques et en libérant le secteur de la construction. La crise non résolue des Gilets jaunes et la dégradation de la conjoncture imposent d’agir sans attendre dans l’intérêt de tous les Français, à commencer par celui des chômeurs et des moins favorisés.

Le plein-emploi est à notre portée. À nous de mettre enfin aux politiques erronées et de prendre enfin les moyens de vaincre le chômage !

lfm_2016