Chers Amis,

Tout indique que la crise sanitaire est partie pour durer. 6 mois, 1 an, 2 ans, personne ne peut le dire. Seule la disponibilité d’un vaccin efficace, à la date d’arrivée très incertaine, permettra de l’écourter. C’est pour cela que nous ne devons pas nous laisser gouverner par l’urgence et que l’essentiel ne doit pas être sacrifié. Dans cette perspective, le Conseil d’Etat a commis une faute grave dimanche dernier en remplaçant notre devise nationale par le nouveau triptyque Simplicité, Égalité, Fraternité, Comme l’a justement rappelé le journaliste Fabrice Nicolino avant-hier au procès des attentats de janvier 2015, « la liberté, ça ne se discute pas, ça se défend » !

Justifier l’obligation extensive du port du masque en extérieur par le besoin de simplicité d’une obligation est le pire des arguments que pouvait retenir la juridiction administrative. Il est clair d’abord que la simplicté n’a pas été la première priorité de l’Etat français… C’est ensuite prendre  les Français pour des imbéciles que de les croire incapables de faire la différence entre la situation d’une rue à une heure de forte d’influence et celle d’une avenue large, aérée et désertée à une heure matinale ou tardive. Surtout, affirmer que nos droits fondamentaux peuvent être restreints dans un seul intérêt de simplicité constitue une profonde dérive et une menace grave pour l’ensemble de nos libertés.

Pour reprendre les mots du secrétaire général de l’ONU sur le réchauffement climatique, la menace liberticide est bien plus grave que la pandémie. C’est pourquoi le combat doit être mené sur ces deux fronts. António Guterresa a eu raison de rappeler que le changement climatique s’est poursuivi sans relâche malgré le confinement et qu’il constitue une priorité absolue. L’avenir de notre pays, du monde et de notre jeunesse est en jeu.

Beaucoup de nos jeunes se sentent aujourd’hui les premières victimes des mesures prises par les gouvernements pour répondre à la crise actuelle. Cette perception est légitime. Les sacrifices et contraintes qui leur sont imposés, de la privation d’école pendant le confinement à la suppression de beaucoup de festivités ou de voyages formateurs, apparaissent disproportionnés par rapport au risque sanitaire qu’ils encourent. Laissons nous interpeler par les propos toniques du philosophe André Comte-Sponville mardi dernier sur RTL et jetons nos peurs au cimetière : https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/je-n-ai-pas-peur-de-la-covid-19-assure-le-philosophe-andre-comte-sponville-7800785617. Il est normal que nos jeunes, comme chacun de nous, soient solidaires des plus agréés et des plus fragiles. Mais cette solidarité doit fonctionner dans les deux sens.

Comme l’écrivait Frédéric II à Voltaire le 16 septembre 1770, il y a tout juste 250 ans, « la jeunesse est l’âge des belles aventures. » Notre responsabilité collective est engagée. Il faut éviter une guerre des générations ! Cela suppose de tout mettre en œuvre pour que nos jeunes puissent vivre ces belles aventures et bénéficier d’une vie normale, qu’il s’agisse de la présence physique à l’école, de leur vie amicale et sociale et de leurs débuts de la vie active. Il nous revient à chacun, parents, enseignants, entrepreneurs et employeurs, mais aussi retraités, de faire les efforts nécessaires pour que la jeune génération ne soit pas une génération sacrifiée.

Rien n’est simple. Les contaminations de Kylian Mbappé et du directeur du Tour de France ou l’isolement du Premier ministre confirment que les protocoles actuels ne fonctionnent pas. Ils prescrivent en particulier la réalisation du test sept jours après la contamination potentielle, période d’incubation considérée probante. S’ils avaient été suivis, le match de l’équipe de France de mardi aurait dû être annulé, le Tour de France suspendu ou l’isolement étendu à beaucoup plus de membres de l’exécutif. Loin de moi l’idée de reprocher aux autorités publiques les choix pragmatiques qu’ils ont fait. Mais cela rappelle que la gestion efficace de la crise sanitaire exige beaucoup moins de bureaucratie et beaucoup plus d’agilité, de bon sens et une analyse fine des situations.

C’est la force du virus. Il agit comme un formidable révélateur de nos faiblesses, de nos mensonges et de nos contradictions. Il prouve également que l’urgence qui préside à beaucoup trop des décisions de nos dirigeants n’est pas le bon mode de gouvernement. C’est au contraire parce que nous saurons anticiper, dépasser les intérêts partisans, choisir la vérité et inscrire notre action dans le long terme que nous gagnerons le combat sanitaire, replacer notre pays sur le chemin du progrès et œuvrer au bien commun.

Ensemble, offrons à la France et à notre jeunesse l’avenir que nous voulons.

Bon week-end à tous

François Vigne

Président de la France en marche

 

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