A cette heure, il y a 102 ans, la France s’apprêtait à sortir de la guerre en signant l’armistice avec l’Allemagne. Après  quatre années d’un conflit terrible, qui a profondément meurtri notre pays et l’Europe entière, notre peuple et ses alliés pouvaient enfin célébrer la fin des combats et la victoire. Commémorer des événements déjà lointains pour les jeunes générations pourrait paraître vain s’il ne s’agissait pas de se souvenir pour mieux agir !

En ce 11 novembre 2020, je veux d’abord rendre hommage à tous ceux qui se sont battus pour que nous vivions libres, aux 1 400 000 morts et au cortège des blessés, amputés, brûlés, gazés, qui ont porté tout au long de leur vie les séquelles de leur combat pour la patrie. Leur sacrifice mérite notre profond respect.

La meilleure façon d’honorer leur mémoire est de nous occuper du présent et de l’avenir. Nous avons la chance de vivre la période la plus pacifique de l’histoire de notre continent. 75 ans se sont maintenant écoulés depuis le dernier conflit entre grandes puissances européennes.

Pour autant, rien n’est gagné. La crise sanitaire, qui sévit sur l’Europe depuis le début de l’année, a conduit les pays de l’Union à rétablir leurs frontières et à limiter leurs échanges humains. Plutôt que de chercher à élaborer une réponse commune, ils ont réagi en ordre dispersé et ont privilégié une approche nationale, sans réellement se soucier des autres États de l’Union. Les conséquences seront lourdes. Il va falloir rapidement reconstruire les liens distendus, tout en tirant les conséquences du vaste échec que la gestion de la pandémie représente.

Il est urgent aussi de renforcer la liberté, la démocratie et l’Etat de droit, fortement malmenés depuis mars 2020 par l’état d’urgence sanitaire et les restrictions de libertés imposées par le gouvernement français et certains de ses homologues européens, comme l’Espagne. D’autres États ont beaucoup mieux réagi, qu’il s’agisse de l’Allemagne, du Luxembourg et des pays d’Europe du Nord. Mais la crise sanitaire démontre que les valeurs qui fondent l’Europe, à commencer par la liberté, ne sont jamais acquises et doivent toujours être défendues.

D’autres menaces sont susceptibles de ramener la France, l’Europe et le monde en arrière, tout particulièrement le terrorisme islamiste. Les attentats qui viennent de frapper notre nation à Paris, Conflans-Saint-Honorine et Nice, et celui qui a endeuillé Vienne il y a 8 jours, confirment que nous ne sommes pas immunisés contre les forces de l’obscurantisme.

Dans ce contexte, il est essentiel d’agir de façon responsable en veillant à ne jamais jouer avec les peurs, ni en instiller le venin dans la société, comme le font tous ceux qui instrumentalisent la Covid-19, le terrorisme islamiste ou l’immigration. Il nous revient aussi de rappeler la grandeur de ce qui a été accompli en Europe depuis les deux conflits mondiaux.

Rien n’a été facile. Des antagonismes ancestraux ont dû être surmontés. Il a été nécessaire de répondre à des questions complexes de souveraineté et de partage de responsabilités. Et, à chaque pas, il a fallu résister à l’envie de faire machine arrière. Mais la volonté d’établir durablement la paix en Europe et d’affronter ensemble notre destin nous a permis de surmonter ces difficultés.

Avec force et détermination, grâce à la puissance de nos idéaux et l’action déterminée de dirigeants visionnaires, le général de Gaulle, Konrad Adenauer, Jean Monnet où Robert Schuman en premier lieu, nous avons scellé la réconciliation franco-allemande, mis fin à la guerre froide et fait triompher la liberté partout en Europe. L’Allemagne a été réunifiée. Nous avons accueilli au sein de l’Union les jeunes démocraties sorties du joug communiste. Même si la situation politique y reste fragile et mérite tout notre engagement, cette réussite constitue l’un des plus grands succès politiques et économiques de tous les temps.

C’est pour cela qu’au-delà des discours sans lendemain, nous devons nous mobiliser pour refonder l’Union, après la grave crise qu’elle traverse, et éliminer les dysfonctionnements qui la minent. L’heure est venue de mettre fin aux compromis frustrants qui concluent les conseils européens. Nous devons aussi supprimer les strates bureaucratiques inutiles qui ralentissent la prise de décision et discréditent l’Union. C’est parce que nous saurons agir vite et bâtir enfin l’Europe nouvelle que nous lui donnerons un avenir.

Dans le même temps, il est urgent de dégager les ressources nécessaires pour financer l’effort de défense assurant notre sécurité, notre souveraineté et notre liberté. Au moment où la menace islamiste s’intensifie et où des tensions graves se multiplient aux frontières de l’Europe à l’instigation d’autocrates dangereux, nous devons continuer à renforcer les  moyens de nos armées.

Alors que nous commémorons le combat victorieux des soldats français de la Première guerre mondiale, il est essentiel de nous rappeler que les institutions internationales, les traités et les déclarations n’ont pas suffi à apporter la paix, la stabilité et la prospérité. Il a fallu le sacrifice d’hommes et de femmes en uniforme, désireux de servir leur pays jusqu’au bout. Ils n’avaient pas peur de la mort, ni des virus et maladies qui hantaient les tranchées. Ils étaient prêts à tous pour défendre leur pays et notre liberté. C’est un même courage et un même esprit de service qui doit aujourd’hui nous animer.

En ce 11 novembre 2020, honorons notre histoire et la mémoire de ceux qui ont combattu pour nous défendre et nous offrir un avenir meilleur. Surmontons nos divisions, avançons en nous appuyant sur les idéaux qui fondent notre nation et acceptons la responsabilité de laisser le monde plus libre, plus prospère et plus pacifique qu’il nous a été donné. Notre devoir est là.

Bon 11 novembre à tous !

François Vigne

Président de la France en marche

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