Chers Amis,
Il est urgent de faire confiance aux Français. Le recul de la pandémie prouve qu’ils le méritent. La dernière note de conjoncture de l’Insee rendue publique mardi confirme aussi qu’ils ont su se montrer agiles face au reconfinement. La sidération a laissé place à l’adaptation. Avoir foi dans notre peuple est d’autant plus important que la confiance sera clef pour assurer la reprise, réussir l’éventuelle campagne de vaccination et sortir la France de la crise actuelle.
Les Français méritent la confiance de leurs gouvernants. L’inverse n’est pas vrai. L’immense majorité de nos concitoyens ne leur accorde d’ailleurs pas. Avec 60% de défiance, le Premier ministre ne dispose pas du soutien nécessaire pour mener une action efficace. À 58% d’opinions défavorables, Emmanuel Macron n’est pas dans une bien meilleure position, d’autant plus que la courbe de ceux qui se disent hostiles à l’exécutif progresse très vite, selon le constat de l’Institut Ipsos. Pour restaurer la confiance, il est indispensable de changer de mode opératoire.
En dix jours, nous avons vu successivement un Premier ministre noircir le tableau de la situation épidémique lors de son point du 12 novembre, un ministre de la Santé s’affirmer très optimiste trois jours plus tard, puis un même Olivier Véran laisser planer la menace d’un long et lointain déconfinement avant-hier afin de mieux laisser au président de la République le soin de faire des annonces plus agréables mardi prochain. Cette cacophonie, dont l’objectif politique est clair, est terriblement anxiogène pour les Français. Dans la même perspective, comment justifier la non- réouverture immédiate de tous les commerces autrement que par un goût immodéré du régime macronien pour le caporalisme.
Le pouvoir et sa cour se plaisent aujourd’hui à dénoncer le complotisme. Ce dernier se nourrit des mensonges, des différences de traitement et des contre-vérités non reconnues de l’exécutif. Les Français ont noté qu’il n’y avait, heureusement, que 4 880 patients Covid en réanimation le 15 novembre. Le chef de l’Etat avait pourtant affirmé, le 28 octobre, qu’ils seraient « près de 9 000 à la mi-novembre, quoi que nous fassions ». Emmanuel Macron alimente aussi le complotisme quand il reçoit les sportifs, mais pas les catholiques, désireux de reprendre respectivement leurs activités et leurs célébrations. La cacophonie gouvernementale ajoute encore aux soupçons, craintes et angoisses des Français.
Tout ceci peut changer. Encore faut-il que le pouvoir admette avec humilité ses erreurs. Il préfère aujourd’hui jouer sur les mots en substituant les termes assouplissement, adaptation partielle ou allégement par paliers à celui de déconfinement ou en changeant les références. Mais cela trompe de moins en moins de Français. Il est par ailleurs essentiel d’agir vite et vraiment. Depuis 2012, l’exécutif a compensé son immobilisme, sur le terrain, par l’activisme législatif. À défaut d’intervenir réellement, le président de la République et son gouvernement recourent à la facilité du durcissement législatif et de la restriction des libertés.
La proposition de loi sur la Sécurité globale en est le dernier avatar. Je crois profondément qu’il est urgent de protéger les policiers, gendarmes, pompiers et autres fonctionnaires, sauvagement attaqués par les voyous dans les zones de non-droit ou les casseurs dans beaucoup de manifestations. Il faut aussi condamner sévèrement leurs agresseurs sans faire preuve d’aucun angélisme.
Rien ne justifie que cette restauration de l’Etat de droit, partout sur territoire, soit réalisée en s’attaquant aux libertés fondamentales des honnêtes citoyens. Il est heureux que Gérard Darmanin ait commencé à reculer sous la contrainte de l’opinion, de la Défenseure des droits et du conseil des droits de l’homme de l’ONU. Mais il est dommage que ces pressions aient été nécessaires.
Voir des journalistes allemands dénoncer la dérive monarchique d’Emmanuel Macron et rebaptiser notre pays du nom Absurdistan doit nous alerter. Les attestations auxquelles nous sommes soumis ou la polémique sur les produits essentiels leur apparaissent surréalistes et même risibles. Qu’écriraient-ils s’ils apprenaient aussi qu’un décret a été nécessaire pour autoriser la vente de sapins de Noël après qu’elle ait été interdite par le même procédé…
Plutôt que d’aller se faire photographier sur sa tombe à Colombey-les-Deux-Eglises en plein confinement, le président de la République devrait relire les Mémoires du général de Gaulle et son discours de Bayeux. Sa description de l’écroulement d’une autorité « qui n’était que fictive, bien qu’elle fût, en apparence, constitutionnellement fondée », avec un glissement progressif vers la dictature, résonne comme une mise en garde d’une parfaite actualité.
C’est avec la même lucidité que nous devons affronter le double échec européen sur le plan de relance, claironné en juillet, mais toujours pas adopté, ou sur l’Europe spatiale avec le tir raté de la fusée Vega mardi dernier, ainsi que le naufrage électrique français avec les risques de coupure confirmés par la ministre de l’Environnement jeudi. Nous nous retrouvons, faute de stratégie et d’investissements, dans la situation de pays que nous qualifions de sous-développés il y a encore peu de temps.
Tout est à refaire, mais rien n’est perdu sur ces terrains, pas plus que pour le redressement de la France et celui de l’Union. Il est à notre portée et peut être réalisé beaucoup plus rapidement que nous le pensons, si nous le voulons réellement et nous nous en donnons les moyens.
Nous ne relèverons les défis du présent et de l’avenir – reprise de l’économie après sa mise à l’arrêt par les confinements, assainissement des finances publiques, éradication des zones de non-droit et intégration des membres qui se sont éloignés de notre communauté, remise à niveau de notre système scolaire et de formation, refondation de l’Europe, restauration du lien transatlantique et victoire contre l’islamisme – que sous la conduite d’un État recentré et redressé, avec le soutien d’un peuple rassemblé autour d’un projet partagé, dans le cadre d’une démocratie renouvelée avec des libertés restaurées.
Là est notre ambition. Là est notre projet. Avec le soutien de tous ceux qui veulent, comme nous, servir notre pays, traçons le chemin qui assure l’avenir de la France et l’épanouissement des valeurs d’indépendance, de progrès et de liberté qui font sa grandeur !
Bon week-end à tous
Amicalement
François Vigne
Président de la France en marche