Chers Amis

Après la crise que nous sommes en train de vivre, avec son cortège de souffrances, de difficultés et de renoncements, nous allons devoir mener une rénovation profonde permettant à notre pays de retrouver unité, joie et confiance. C’est pour cela qu’il est crucial de ne pas sacrifier l’essentiel. Nous sortirons grandis ensemble de l’épreuve parce que nous serons parvenus à maîtriser l’épidémie sans renoncer à ce que nous sommes et qui fait la grandeur de la France.

Dans cette perspective, il est fondamental de ne pas céder à la mauvaise tentation de l’isolement contraint. Elle fut la seule information nouvelle de la déclaration d’Emmanuel Macron mardi dernier, le calendrier du déconfinement ayant été largement éventé. Nous devons la refuser. Ses partisans se mobilisent au nom de l’efficacité sanitaire ou économique et en prenant les dictatures, chinoise ou autres, en exemple.

Beaucoup d’entre eux ne voit pas plus de problème à séparer père, mère et enfants et à extraire l’un ou l’autre d’entre eux du foyer que Donald Trump n’a hésité à arracher les enfants de migrants de leurs parents, avec le bilan que l’on connaît. Il y a un an encore nous considérions collectivement les léproseries du Moyen-Age comme une infamie. Après quelques mois de Covid, certains seraient prêts à inventer celles du XXIème siècle !

L’efficacité sanitaire d’un tel isolement forcé est très contestable, comme le reconnaissent tous les médecins de terrain. Compte tenu de ce que nous sommes, nous, le peuple français, avec notre culture, notre histoire et notre goût profond pour la liberté, il est certain qu’une telle menace conduirait énormément de citoyens à fuir le dépistage et à ne pas déclarer leur positivité. Le remède serait donc pire que le mal. Il est tout aussi certain qu’au-delà d’un discours martial, l’Etat se trouverait une nouvelle fois incapable de faire appliquer ses décisions, ce qui finirait de le discréditer.

Surtout et plus fondamentalement, le principe d’un tel isolément contraint n’est pas acceptable. Il faut remettre les choses en perspective. Si la Covid-19 est dangereuse, si elle n’est pas la grippe, elle n’est pas la peste non plus. Elle aura fait en un an, dans notre pays, un peu plus de 50 000 morts et 1,4 million dans le monde. Ces chiffres sont à comparer aux 610 000 morts annuels en France, aux 155 000 victimes du cancer, aux 145 000 morts de maladie cardiaque, aux 60 000 morts du tabac, au 55 000 morts d’obésité ou aux 15 000 morts de la grippe. Si l’exécutif décidait demain de céder à la tentation de l’isolement forcé, il n’y aurait pas de raison à faire différemment pour les malades de la grippe dans l’avenir.

Le président de la République a indiqué son souhait de confier au gouvernement et au Parlement le soin de prévoir les conditions d’un tel isolement contraint. Nous ne pouvons considérer cette délégation comme une protection. Le gouvernement et les députés de la majorité ont démontré, depuis trois ans et demi, qu’ils méritaient le qualificatif de godillot. Si le chef de l’Etat décidait de poursuivre dans la voie de l’isolement forcé, c’est au peuple français qu’il devrait laisser le soin de trancher, par référendum. Le sujet le mérite et l’exige.

Il ne s’agit pas de contester la légitimité de certaines restrictions ponctuelles, cohérentes et proportionnées ou la nécessité d’agir de façon responsable et prudente à l’égard des autres. Mais le gouvernement ne doit pas s’immiscer dans trop d’aspects de nos vies privées. Notre santé et nos vies n’appartiennent pas à l’Etat. Ce dernier reste l’émanation de chacun de nous formant le peuple, pas l’inverse.

La responsabilité citoyenne ne doit pas être confondue avec une soumission et une indolence coupable devant des mesures liberticides et injustifiées. Comme le confirme l’expérience des derniers mois, la vraie protection collective ne viendra pas des décisions verticales du gouvernement, mais du comportement responsable des citoyens. Ils ont démontré qu’ils étaient dignes de confiance.

Ce qui est vrai pour l’isolement individuel l’est aussi pour la liberté de culte. La jauge de 30 personnes fixée mardi pour les cérémonies religieuses, sans considération de la taille de l’édifice les accueillant, est aussi stupide qu’injuste et insultante. Si l’exécutif était cohérent, il devrait appliquer la même limite de 30 aux supermarchés, métros, bus ou trains et la respecter également pour le conseil des ministres ou le Parlement, qui ne pourraient plus se réunir physiquement.

Au lieu de rassembler et de convaincre, le pouvoir est en train de pousser les chrétiens vers l’illégalité et de les encourager à ne pas respecter ses édits. La Constitution impose au gouvernement de ne pas rentrer dans les affaires de foi et de religion. Il n’a pas à décider ce qui est essentiel et non essentiel pour un croyant, mais à respecter la liberté fondamentale de culte.

Dans une époque éruptive, où les restrictions de liberté et les contraintes sanitaires pèsent sur le moral de la population et exacerbent les tensions, l’exécutif ne peut pas se permettre de mettre de l’huile sur le feu. Gérard Darmanin vient de l’appendre à ses dépens. Sa volonté de faire passer en force le projet de loi Sécurité globale et son article 24 affaiblit et discrédite la police au lieu de la renforcer et de la protéger.

Le pouvoir a tort aussi de ne pas écouter la demande des présidents d’université d’accueillir dès janvier leurs étudiants avec une jauge de 50%. La détresse de nos jeunes est grande. Rien ne sert d’en parler ou de prévoir des traitements psychologiques ou médicaux. C’est sans attendre qu’il faut mettre en place les conditions permettant le retour d’un maximum d’étudiants en présentiel après les vacances de Noël.

Beaucoup de défis sont devant nous. Nous avons à sortir de la crise sanitaire. Nous avons à assurer la reprise de notre économie et le retour de tous au travail. Nous avons à retrouver la liberté, durement éprouvée depuis neuf mois. Nous avons à réapprendre à vivre ensemble. Nous avons à assurer le destin de la France dans un monde qui s’avère plus brutal et complexe que jamais. Nous avons à rebâtir l’Europe. Soyons assez responsables et assez forts pour nous donner et pour observer des règles de vie nationale qui nous rassemblent au lieu de nous diviser.

C’est dans la liberté, la fraternité et l’unité que nous offrirons à notre pays l’avenir qu’il mérite. Ensemble, montrons-nous dignes de la France !

Bon week-end à tous

Amicalement

François Vigne

Président de la France en marche

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