Chers Amis

C’est par un vibrant hommage à Valéry Giscard d’Estaing que je veux commencer. Son intelligence lumineuse et sa hauteur de vue nous manquent déjà. Il fut le dernier président visionnaire de la Vème République. Son septennat transforma profondément notre pays et l’Union européenne. Il avait fait le choix de parler à l’intelligence des Français, plutôt que de tenter de les manipuler, ce qui nous a permis ensemble de grandir et progresser. Nos gouvernants actuels devraient s’en inspirer.

Quarante ans après son départ de l’Elysée, son bilan reste impressionnant. Majorité et droit de vote à 18 ans, minimum vieillesse, libéralisation des prix, réforme du droit de licenciement, de la tutelle sur les chaînes publiques de télévision, divorce par consentement mutuel, monnaie unique européenne, création du G7 et du Conseil européen, etc., les réformes qu’il a imprimées continuent à marquer notre vie.

À titre de comparaison, on peine à voir, à 18 mois de la fin de son mandat, ce que laissera Emmanuel Macron, ses rares réformes n’ayant pas résisté aux premières crises venues, Gilets jaunes, retraites et Covid-19. Comme l’a répondu Louis Giscard d’Estaing à ceux qui veulent comparer le chef de l’Etat actuel à son valeureux aîné, le déroulement du quinquennat en cours est malheureusement la preuve de l’échec d’une stratégie plus inspirée par les circonstances que par la profonde réflexion politique qui animait son père.

Valéry Giscard d’Estaing fut un grand Français. Il fut un grand Européen, n’opposant jamais notre pays à l’Union, mais cherchant toujours à s’appuyer sur l’un pour mieux développer l’autre dans une dialectique fructueuse. Derrière l’image de suffisance que son intelligence supérieure a pu créer, l’ancien chef de l’Etat a toujours agi en serviteur de notre pays et de l’Europe. C’est ce qui le distingue profondément des dirigeants actuels. Contrairement à ce qu’a affirmé Emmanuel Macron jeudi soir, ce n’est par pudeur, mais par humilité que Valéry Giscard d’Estaing a refusé des obsèques nationales. Comme il l’avait confié à Anne Fulda il y a un mois, le défunt président était catholique pratiquant et savait qu’il n’était pas Dieu.

Il faut souhaiter qu’une même humilité investisse l’exécutif actuel. Cela lui serait très utile. La mort de Valéry Giscard d’Estaing a jeté un voile bienvenu sur les récentes polémiques. Mais nous ne pouvons oublier que les dix derniers jours furent ubuesques.

Déroute du pouvoir dans l’affaire de l’article 24 de la loi Sécurité globale aux violences contre la police lors des manifestations du week-end dernier, défaite devant le Conseil sur l’affaire de la jauge, aussi ridicule qu’insultante, imposées aux Français pour les cérémonies religieuses ubuesques, interdiction faite aux stations d’ouvrir leurs remontées mécaniques et leurs pistes, menaces de poursuites, illégales, ou d’isolement pour nos concitoyens voulant aller skier en Autriche ou en Suisse, maintien des attestations de déplacement  ou autres restrictions courtelinesques imposées aux Français : ce sont là autant de manifestations de l’incapacité du gouvernement à diriger le pays.

L’exécutif est en train de giletjauniser les Français et de réussir le tour de force de pousser les moins révolutionnaires d’entre-eux, à commencer par les catholiques ou les commerçants, à s’affranchir des règlementations absurdes qui leur sont imposées.

Ce naufrage a une cause : la faillite de l’Etat et la fuite en avant des technocrates qui le dirigent. Certains d’entre vous me jugent sévères. Il n’en est rien. Les critiques les plus dures sont venues cette semaine du cœur même de nos institutions. La commission d’enquête parlementaire de l’Assemblée nationale sur la crise du Covid-19 a dénoncé le pilotage défaillant de la crise sanitaire par un gouvernement mal préparé et inefficace. La Cour des comptes lui a emboîté le pas pour étriller successivement la politique de la ville dans les quartiers prioritaires, ainsi que celle la protection de l’enfance, et constater leur échec. Comme si cela ne suffisait pas, l’Etat a également été mis en cause pour le retard criant de ses administrations dans la mise en œuvre de la transition environnementale et le non-respect de la loi sur l’égalité femmes- hommes par six de ses ministères !

Tout cela le confirme. Au-delà de la sortie de la crise sanitaire, la première urgence nationale est celle de la réforme de l’Etat. Cela peut paraître ennuyeux. Mais cette refondation conditionne tour.  Il s’agit de redonner à la France un État efficace, respectable et respecté, au service du pays et de tous les Français. Les exigences de nos sociétés modernes et l’accélération du temps rendent chaque jour plus indispensables l’agilité et le bon fonctionnement des pouvoirs publics.

C’est d’autant plus nécessaire que la déroute actuelle à un coût colossal pour notre nation, comme en témoignent la débâcle de nos comptes publics et l’augmentation vertigineuse de notre dette. Les neuf derniers mois le démontrent. Faute d’être efficaces, nos gouvernants prennent des mesures de plus en plus autoritaires et calment le mécontentement en distribuant des aides dont ils reportent le financement sur les générations futures.

Notre jeunesse et notre nation méritent mieux ! Il n’y a aucune raison structurelle pour que la France ne parle plus d’égal à égal avec l’Allemagne comme elle le faisait sous Valéry Giscard d’Estaing. Le redressement est à notre portée. Il suppose que nous le voulions et que nous nous en donnions les moyens. Nous devons sortir de notre torpeur et arrêter d’accepter l’inacceptable. C’est de l’avenir de la France et de l’Europe qu’il s’agit ! Nous avons à mener à bien une transformation profonde qui permette à notre pays de reprendre son destin en main, dans la grandeur, ainsi que la liberté, et à notre peuple de retrouver son unité.

Les défis auxquels nous sommes confrontés sont nouveaux. Les moyens à utiliser pour les relever le sont largement aussi. Mais les valeurs dont dépend notre réussite collective, travail acharné, esprit de service, liberté, courage, fraternité et attention aux plus fragiles, n’ont pas changé. Avec espoir et détermination, bravons une nouvelle fois les vents contraires et répondons à l’appel. C’est ce que nous vous proposons. Ainsi nos enfants et petits-enfants pourront-ils proclamer que nous n’avons pas faibli. Ensemble, offrons à la France l’avenir qu’elle mérite !

Bon week-end à tous

Amicalement

François Vigne

Président de la France en marche

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