Chers Amis,

Il est temps de cesser de subir la Covid pour mieux la combattre. Beaucoup de Français semblent résignés à endurer un nouveau confinement. Le gouvernement y prépare activement les esprits. Pourtant, il n’est pas tenable de continuer à voir se succéder les périodes de confinement, de couvre-feu et de semi-liberté. C’est toute la stratégie de lutte anti-Covid qu’il est urgent de repenser afin de sortir gagnants et plus forts de la crise actuelle.

Voilà un an que l’exécutif avance à tâtons, le nez dans le guidon, face à la crise sanitaire. Certes, nous assistons au développement des variants et pouvons déjà en répertorier quatre : britannique, sud-africain, nippon-brésilien et allemand. Mais ces variants étaient prévisibles depuis au moins l’été dernier. Souvenons-nous qu’il y a moins de deux mois, le 24 novembre 2020, Emmanuel Macron annonçait la réouverture des restaurants et des salles de sport le 20 janvier 2021, ainsi que la reprise des cours en présentiel dans les universités 15 jours plus tard. Il y a trois semaines, le 31 décembre, il affirmait qu’il ne laisserait aucune lenteur injustifiée s’installer pour la vaccination… Les dysfonctionnements actuels le démentent déjà.

Cela démontre que le pouvoir navigue à vue. Ce qui est vrai un jour l’est rarement le lendemain. Le chef de l’Etat a théorisé cet exercice du pouvoir en admettant, le 12 janvier, « changer de stratégie d’une semaine à l’autre ». Comme nous l’a appris Descartes dans le Discours de la méthode il y a près de 400 ans, une telle méthode ne fonctionne pas. Il est urgent de prendre de la hauteur et d’adopter une stratégie claire, permettant de gérer la pandémie sur le long terme.

Trois grands modèles s’opposent aujourd’hui dans la lutte anti-Covid : la stratégie chinoise ou néo-zélandaise de fermeture des frontières et de création de bulle, le modèle européen de succession de périodes de confinement et déconfinement, ainsi que le choix brésilien et équivalent de ne pas faire grand chose. Ce dernier n’est pas souhaitable. Le premier modèle de création d’une bulle a l’avantage de permettre à ceux qui y vivent d’y profiter d’une vie presque normale. Mais il n’est pas réaliste dans un pays comme le nôtre, ouvert sur le monde, entretenant des liens familiaux et humains forts avec les autres pays européens, ceux du Maghreb et plus généralement d’Afrique.

Pour autant, nous ne pouvons pas continuer à enchaîner les périodes de confinement et déconfinement, ni à entretenir le Français dans la peur permanente d’un nouvel enfermement, dans l’attente de la vaccination de l’essentiel de la population. C’est profondément destructeur psychologiquement, insoutenable économiquement et générateur d’un appauvrissement durable au détriment de notre jeunesse, ainsi que des générations futures. Comme l’a reconnu le ministre délégué chargé des Comptes publics mardi dernier, le niveau de dépenses publiques que nous connaissons n’est pas soutenable.

Il faut se préparer à vivre durablement avec la Covid et expliquer aux Français qu’ils ont toute chance de l’attraper, que ce sera bénin dans la majorité des cas et que nous disposerons des moyens pour traiter les formes sévères après, bien sûr, nous en être dotés. Les dernières analyses confirment que la Covid risque de devenir, comme la grippe, une maladie saisonnière. Nous n’allons pas passer, à partir de maintenant, tous nos hivers dans une grotte ! Nous n’allons pas priver les nouvelles générations de baccalauréat comme vient de le faire le gouvernement en annulant les épreuves de spécialité, après avoir supprimé celles du bac de français l’année dernière. Et nous n’allons pas continuer à vivre sous état d’urgence que les députés ont, à tort, accepté de renouveler jusqu’en juin.

Faire reposer notre politique de sortie de crise sanitaire sur la seule vaccination n’est pas responsable. Au surplus, un éventuel reconfinement dès la fin de la semaine prochaine ou dans les semaines suivantes, dans l’attente de l’accélération de la campagne de vaccination, ne permettra pas de stopper la diffusion du variant britannique. Il est déjà trop tard. La course contre la montre, évoquée par le ministre de Santé, est déjà perdue. Face au développement prévisible et inéluctable des variants, il y a urgence à adopter une stratégie à volets multiples incluant :

  • la vaccination ;
  • le renforcement de notre capacité d’hospitalisation, sous la forme notamment d’hôpitaux de campagne déplaçables ;
  • l’augmentation de nos moyens d’oxygénation pour traiter les formes sévères de Covid ;
  • l’accélération du déploiement de la plateforme Covidom de suivi des patients à domicile, qui servira aussi, dans l’avenir, au développement de la télémedecine ;
  • des confinements rapides et ciblés en cas de constitution de clusters.

C’est avec une stratégie plurielle et de long terme que nous remporterons le combat contre le coronavirus et que nous permettons à notre pays de sortir gagnant de la crise.

Ne nous trompons pas. Au delà des contraintes immédiates, la sortie de crise est porteuse de formidables perspectives. L’histoire nous enseigne la soif immense de vie des peuples au lendemain de telles périodes de privation et d’enfermement. Si les gouvernants ne commettent pas d’erreur, s’ils ne tuent pas dans l’œuf la croissance renaissante, le monde devrait connaître dix ans de surcroissance, avec une volonté de tous de rattraper le temps perdu et de fêter la liberté retrouvée.

La France n’en profitera que si ses dirigeants tirent lucidement les conséquences de la crise que nous sommes en train de vivre et réalisent enfin les changements nécessaires. La puissance publique est aujourd’hui à terre. Ses dysfonctionnements ont éclaté au grand jour. Pour réussir la reprise, il est urgent d’entreprendre la reconstruction de l’Etat et des services publics, en les fondant sur les principes d’efficacité et de satisfaction des citoyens.

Cette reconstruction reste à mener. Elle est possible. Elle est au cœur de notre projet pour une France plus forte. La crise sanitaire nous offre l’opportunité de corriger ses faiblesses et de faire émerger un pays ressourcé. Elle impose aussi de réconcilier l’ensemble de nos concitoyens autour d’un projet partagé. La jeunesse a un rôle clef à jouer dans ce travail de refondation. Nous comptons la mettre en son cœur. Le temps est venu de bâtir ensemble une France meilleure.

Bon week-end à tous

Amicalement

François Vigne

Président de la France en marche

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