Les débats à l’assemblée sur le projet de loi prétendant conforter le respect des principes de la République le confirment. Le texte promu par la majorité présidentielle est inutile et dangereux. Il est inutile parce qu’il rate sa cible et ne permettra pas de réellement mettre l’islamisme hors d’état de nuire. Il est dangereux parce qu’il menace la liberté de culte et le savant équilibre établi sur le fondement de la loi de 1905.
Emmanuel Macron, dans son discours des Mureaux du 2 octobre 2020, avait déclaré que le problème auquel il voulait s’attaquer, c’était le « séparatisme islamiste, ce projet conscient, théorisé, politico-religieux, qui se concrétise par des écarts répétés avec les valeurs de la République, qui se traduit souvent par la constitution d’une contre-société et dont les manifestations sont la déscolarisation des enfants, le développement de pratiques sportives, culturelles communautarisées qui sont le prétexte à l’enseignement de principes qui ne sont pas conformes aux lois de la République. C’est l’endoctrinement et par celui-ci, la négation de nos principes, l’égalité entre les femmes et les hommes, la dignité humaine. C’est cette idéologie, qui affirme que ses lois propres sont supérieures à celles de la République. »
Mais le projet de loi en cours de discussion ne s’attaque pas réellement au séparatisme islamiste. Le pouvoir avait déjà commencé à reculer en renonçant à appeler les choses par leur nom et en substituant à la lutte contre le séparatisme islamiste les termes vides de « confortant les principes républicains. Le corps du texte n’est pas plus courageux. Il fait l’impasse sur le problème de la ghettoïsation des quartiers de leur réhabilitation, il ignore aussi ceux des prisons, des clubs de sport de banlieue ou des associations islamistes dans les universités, qui constituent pourtant des foyers actifs de radicalisation. Le projet de loi ne permettra donc pas d’éradiquer le séparatisme islamiste et devrait au contraire le laisser continuer à prospérer activement.
Il menace en revanche la liberté de culte, dont les onze derniers mois de crise sanitaire ont démontré qu’elle devrait être ardemment défendue. Comme l’a rappelé le chef de l’Etat le 2 octobre 2020, la laïcité, c’est la liberté de croire ou de ne pas croire, la possibilité d’exercer son culte à partir du moment où l’ordre public est assuré. Ni le catholicisme, ni le protestantisme, ni le judaïsme, ni les autres religions ne menacent l’ordre public. Seul l’islam radical le met en danger, comme le démontent les attentats sanglants des 8 dernières années.
C’est pour cela que la loi ne doit pas apporter de restrictions infondées et liberticides à la liberté de pratiquer sa foi aux croyants des autres religions, pas plus qu’aux musulmans qui condamnent l’islam radical et s’en détachent résolument. Le projet de loi actuel contrevient néanmoins à ce principe en soumettant les associations cultuelles à un renouvellement renégocié tous les cinq ans. Il le fait également en leur imposant un « contrat d’engagement républicain », dont l’histoire des neuf dernières années montre qu’il risque de dépendre des contingences politiques immédiates et des dérives des majorités qui se succèderont. Les restrictions apportées à l’instruction en famille sont également susceptibles d’apporter de dangereuses atteintes à la liberté d’enseignement.
Parce qu’il rate son objectif tout en apportant des restrictions dangereuses à la liberté de cultes, le projet de loi « confortant le respect des principes de la République » doit être rejeté, Il est urgent de lui substituer un autre texte, une loi permettant d’éradiquer vraiment l’islamisme radical dans le respect des principes de liberté qui font la force et la grandeur de notre nation. Tout ceci est à notre portée. Encore faut-il le vouloir vraiment !