États membres et européputes ont annoncé le 20 mai être parvenus à un accord sur un pass sanitaire européen, qui devrait entrer en vigueur le 1er juillet. Au-delà même des problématiques qu’il pose au regard de la confidentialité des données médicales et du respect des libertés fondamentales, ce vrai faux pass sanitaire montre, avec ses faiblesses et ses difficultés, l’urgence de reconstruire l’Europe.

Il a d’abord fallu de longues semaines pour que les Etats membres parviennent à un tel accord. Là où rapidité, efficacité et unité auraient dû constituer le mot d’ordre, ce furent une nouvelle fois multiplication des palabres et nombreux retards. Cela démontre une nouvelle fois la nécessité de repenser de fond en comble les processus de décision européens pour les rendre plus efficaces et plus rapides.

Ledit pass sanitaire n’est ensuite pas vraiment européen, puisque l’Espagne, la Finlande, l’Irlande, l’Allemagne et la Suède ne seront pas en mesure de le délivrer à temps et pourront attendre jusqu’à mi-août pour le délivrer à leurs ressortissants.

Enfin et surtout, derrière le vocable pass sanitaire européen, ce sont une multitude d’options qui prévalent en fonction des États et de ce qu’ils ont souhaité. Les voyageurs intra-communautaires devront se renseigner pour comprendre s’ils doivent présenter un test PCR ou un test antigénique, le type de preuve de vaccination requise, le nombre de doses, une ou deux, les faisant considérer comme vaccinés, ou le certificat de rétablissement post Covid reconnu. Par ailleurs, il restera possible aux États membres, à condition de le justifier, d’imposer des quarantaines à l’arrivée s’ils jugent que la situation sanitaire le justifie.

Il n’y a donc aucune harmonisation réelle et les ressortissants européens se trouveront de nouveau confrontés à un système kafkaïen. Là où le respect des principes fondamentaux européens aurait requis une solution unique, ce sont de nouveau les égoïsmes nationaux qui ont prévalu. Les exécutifs nationaux et européens ont de nouveau failli à leur mission en se révélant incapables de définir une règle commune.

Seize mois après le début de la crise sanitaire, il se confirme que l’Europe est à terre. Si l’Union monétaire a tenu, le reste de l’édifice européen apparaît plus fissuré et instable que jamais. C’est notre responsabilité collective de nous attaquer sans attendre à la reconstruction de l’Europe, une Europe plus efficace, plus servante des libertés et des intérêts de ses ressortissants et moins bureaucratique. Le futur de l’Union est entre nos mains. Soyons à la hauteur de l’élan constructif de ses pères et donnons à l’Europe l’avenir qu’elle mérite.

lfm_2016