Chers Amis,
Cette semaine encore, ce sont des héros, Français ordinaires, qui ont marqué l’actualité. Dimitri Moulin, Alain Guilbert et Yann Chagnolleau, auxquels je veux rendre un nouvel et profond hommage, n’étaient pas des premiers de cordée, des personnages d’appareil, ni des hommes de pouvoir. Ils étaient de simples citoyens, déterminés et engagés, qui n’avaient d’autre objectif que de servir la France, leurs prochains et le bien commun. Comme Christophe et Jérôme Monnereau, Emmanuel Hubé et David Bossard, qui ont heureusement survécu, ils constituent la véritable élite, celle qui se bat pour le pays. Leur engagement les a conduits au sacrifice suprême. Cet exemple doit nous inspirer. Il nous engage.
Il nous engage à redresser la France. Il nous engage aussi à protéger notre démocratie. Car Dimitri Moulin, Alain Guilbert et Yann Chagnolleau se sont battus pour que nous vivions heureux, en bonne santé et libres dans le pays qu’ils aimaient, un pays debout, notre pays commun.
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt l’ouvrage « Tyrans. Shakespeare raconte le XXIe siècle » de Stephen Greenblatt, que je vous recommande. Il analyse avec finesse la façon dont les tyrans parviennent, dans des régimes au départ démocratiques, à se faire élire et se maintenir au pouvoir avec le soutien du peuple. Il y a d’abord les électeurs fascinés par la personnalité du tyran, sa capacité à briser toutes les règles, à mal se comporter ou écraser les autres, et qui veulent croire que l’histoire finira par reprendre son cours et que le tyran aura suffisamment de bon sens pour que les choses finissent bien. Il y a ensuite ceux qui pensent qu’ils tireront profit de la situation. Il y a aussi ceux qui ont peur. Il y a enfin la grande masse de ceux qui préfèrent courber l’échine et éviter les ennuis immédiats en attendant que cela passe.
C’est ainsi que les tyrans parviennent à conquérir et à conserver le pouvoir avant de précipiter leur nation dans le désordre et le déclin. Comme le montrent les exemples de Recep Erdogan, de Viktor Orban, de Donald Trump ou de trop d’autres, notre époque offre aux tyrans ou apprentis tyrans de nouveaux leviers. Faveur accordée par les réseaux sociaux ou les médias grand publics à ceux qui clashent, crient ou provoquent, repli des vrais intellectuels dans le silence, disparition des journaux d’analyse et démission des élites, privilégiant leur réussite financière individuelle et leur niveau de vie au service du pays, ainsi que du bien commun, sont autant d’armes en leur main.
C’est pour cela qu’un réveil est nécessaire et que nous devons nous opposer à toutes les dérives, à commencer par la promotion du parti unique par le pouvoir actuel. Dans cette perspective, il faut lire les déclarations de Frédérique Dumas, élue députée des Hauts-de-Seine en juin 2017 sous l’étiquette macroniste. Elle a décidé cette semaine de quitter le groupe UDI-Agir à l’Assemblée nationale et de s’abstenir de voter la confiance au Premier ministre. Ses raisons sont claires.
« Aujourd’hui, la majorité remet profondément en cause l’esprit de la démocratie. Elle veut nous imposer de rejoindre un parti unique. Des ministres nous expliquent que ceux qui pensent à l’intérêt du pays n’ont d’autre choix que de rejoindre La République En Marche. Cela n’est pas autre chose que de la propagande. Le délégué général de LREM nous explique, lui, que si un parlementaire ne vote pas la confiance au gouvernement, la majorité ne travaillera pas avec lui et cela, quelle que soit la pertinence de ses propositions, juste parce qu’il n’est pas dans la ligne ! (…) S’il n’y a aucun contre-pouvoir, il n’y a plus d’équilibre des pouvoirs.
Ce n’est pas parce que La France insoumise ou Les Républicains ont été dans une opposition trop souvent systématique et caricaturale que LREM est par essence intelligente. Ce que nous propose aujourd’hui la majorité, c’est de renoncer à la possibilité d’avoir le choix, de renoncer à la bienveillance, de renoncer à rendre accessible la complexité. Imposer un choix binaire, manichéen entre le camp du bien et le camp du mal comporte en plus un réel risque : celui de la prophétie autoréalisatrice. »
Cette préoccupation, je la partage entièrement, avec ceux qui me soutiennent au sein de la France en marche. Il n’y a pas de démocratie sans pluralisme. C’est pour cela qu’il est urgent de bâtir une véritable alternative crédible, libre, responsable et républicaine au pouvoir actuel. Cette force de rassemblement mettra au cœur de son projet la refondation de l’Etat, le rétablissement des finances publiques, l’esprit d’entreprise, le travail, la modernisation de l’économie, comme le progrès social et la protection de l’environnement, en se fondant sur les valeurs de liberté, de fraternité et de service qui sont les nôtres.
N’oublions jamais les magnifiques paroles du général de Gaulle sur les débuts de l’épopée de la France libre, ces moments qui ont permis à notre pays de renaître et de retrouver sa place. « Le salut devait venir d’ailleurs. Il vint d’une élite, spontanément jaillie des profondeurs de la nation et qui, bien au-dessus de toute préoccupation de parti ou de classe, se dévoua au combat pour la libération, la grandeur et la rénovation de la France. »
C’est notre responsabilité de prendre le relais. Nous le devons à Dimitri Moulin, à Alain Guilbert et à Yann Chagnolleau, à tous les héros qui les ont précédés, à notre jeunesse ainsi qu’à la France.
Bon week-end à tous
François Vigne
Président de la France en marche