Chers Amis,
Je veux d’abord assurer le peuple ukrainien de notre profond soutien. L’invasion russe est inacceptable. Rien ne peut la justifier. Nous devons refuser qu’un nouveau rideau de fer tombe sur l’Europe. C’est notre responsabilité collective de montrer que l’Ukraine n’est pas seule et de faire triompher la souveraineté nationale, la démocratie, l’espérance et la liberté. Le destin du monde est là.
L’agression russe confirme que la lecture macronienne de l’histoire est erronée. Le candidat et le président des 18 premiers mois Macron annonçait un monde neuf, débarrassé des fantômes de l’histoire. Son quinquennat aura au contraire été marquée par le retour aux pandémies de l’Antiquité ou du Moyen-Age et maintenant par celui de la guerre en Europe. Nous avons vu les mêmes peurs, les mêmes renoncements, les mêmes reculs dominer cette période, avec des conséquences douloureuses et durables.
La tragédie à laquelle nous assistons aujourd’hui est aussi le fruit de nos faiblesses. C’est d’abord parce que nous n’avons rien fait face à l’annexion de la Crimée, face à l’emprisonnement de Navalny, face aux exactions des mercenaires de Wagner que nous en sommes là aujourd’hui. Vladimir Poutine a parfaitement choisi son moment, alors que nous sortons avec lassitude de la pandémie, que nous sommes en campagne présidentielle, que les États-Unis ont un président faible, que pétrole et gaz sont au plus haut et que l’inflation préoccupe. L’exécutif chinois risque de même d’en profiter pour tenter l’annexion de Taïwan. Là-encore, c’est en restant immobiles face à l’asservissement des Hongkongais, face au génocide des Ouïgours et à toutes les autres manœuvres du pouvoir chinois que nous aurons rendu ce crime possible.
Notre situation est d’autant plus compliquée que nous sortons exsangues de deux ans de crise sanitaire. Le naufrage de nos finances publiques rend l’effort de guerre et l’investissement dans nos capacités militaires difficiles. Comme l’ont montré les analyses publiées la semaine dernière, la France aurait eu intérêt, du triple point de vue sanitaire, économique et des finances publiques, à suivre l’exemple suédois plutôt que de poursuivre le ruineux « quoi qu’il en coûte ». Il faudra malheureusement compter avec.
Nous devons également prendre pour l’hypothèse l’impuissance de l’Union. Elle a encore fait l’étalage de ses divisions au cours des 48 dernières heures, l’Allemagne, l’Italie et Chypre freinant des quatre fers l’imposition de réelles sanctions à l’envahisseur. Les Ukrainiens ont raison de se sentir seuls, comme nous le serions si nous étions attaqués. Le président Zelensky dit juste quand il affirme : Tout le monde, ou presque, a peur.
Ceux qui donnent raison à Poutine se trompent. C’est sous le même prétexte de libération des Allemands des territoires frontaliers qu’Hitler a justifié successivement l’annexion de l’Autriche, des Sudètes et de la Pologne avant de nous précipiter dans la Seconde guerre mondiale. L’histoire ne se répète pas, mais les mêmes folies et les mêmes erreurs conduisent aux mêmes drames. Il nous revient de les éviter. L’Union européenne et l’OTAN avec leurs valeurs de liberté, de démocratie et de richesse partagée sont le cauchemar du président russe. En défendant l’Ukraine, c’est nous-mêmes que nous défendons.
Nous devons sanctionner beaucoup plus durement le pouvoir russe. Nous devons affirmer haut et fort que ces sanctions seront maintenues aussi longtemps que l’Ukraine n’aura pas retrouvé sa pleine souveraineté sur l’ensemble de son territoire. Nous devons être prêts à accueillir à tout moment l’exécutif ukrainien légitime pour qu’il puisse, depuis nos territoires, assurer la continuité de l’Etat ukrainien. Nous devons engager sans attendre la poursuite des dirigeants russes devant le Tribunal pénal international pour tout mort civil de ce conflit injustifiable.
Plus fondamentalement encore, nous devons nous réarmer. Nous réarmer militairement bien sûr, en dégageant les ressources budgétaires. Mais aussi et surtout nous réarmer civiquement. Il semble aujourd’hui admis que nous ne mourrons pas pour l’Ukraine. Mais pourquoi donc sommes-nous prêts à mourir ? Les deux dernières années ont montré comment le pouvoir exécutif avait pu asservir notre peuple en agitant la menace de la mort du Covid.
C’est parce que nous serons demain prêts à mourir que nous vivrons en paix, debout et libres. Vladimir Poutine sait que nos forces de dissuasion, ainsi que celle des Britanniques, sont crédibles. C’est dans l’épreuve que se révèle la grandeur d’un peuple. N’ayons pas peur ! Face à une crise grave, il nous revient d’être à la hauteur de notre histoire, de nos valeurs et de nos enfants.
Bon week-end à tous, dans la détermination, la communion avec nos frères ukrainiens et le courage
Amicalement
François Vigne
François Vigne
Président de la France en marche