Chers Amis,

Un changement de méthode est nécessaire. La réforme de la fonction publique annoncée mercredi est un nouvel exemple de ce qu’il ne faut pas faire. Si plusieurs des mesures présentées méritent d’être considérées, il manque l’essentiel, à savoir la vision, ainsi que la volonté de placer les hommes et les femmes qui composent la fonction publique au cœur du dispositif. Pour sortir de la crise actuelle, il est indispensable que le tir soit corrigé et que l’exécutif fasse preuve de la « forme de sagesse » qu’Emmanuel Macron a maladroitement recommandée à la septuagénaire niçoise blessée samedi dernier lors de l’acte XIX des Gilets jaunes.

L’objectif quantitatif de réduction de postes ne peut tenir lieu de politique. Il doit au contraire découler de l’organisation de l’Etat et du service public que nous voulons offrir à notre pays à un horizon de 20 ans. Nous ne bâtirons pas la France de demain en recourant aux vieilles recettes utilisées pour réformer au Canada, au Danemark ou en Suède il y a 20 ans. Faire fuiter un rapport de l’Inspection générale des finances sur le temps de travail des fonctionnaires le matin de l’annonce de la réforme ne fonctionne plus. La ficelle est trop grosse. L’effet d’expérience de la population et l’accélération de la diffusion des informations dans le monde digital d’aujourd’hui rendent ces pratiques obsolètes.

Ne ratons plus de trains ! Il est trop tard pour mettre en place les changements qui auraient été nécessaires pour faire rayonner notre nation aujourd’hui. C’est en préparant l’Etat et la fonction publique de 2040, tout en définissant les étapes intermédiaires à franchir d’ici-là, que nous pourrons rattraper notre retard et prendre l’avance indispensable. Nous devons aussi faire fi des idées reçues. Les pistes, développées par le rapport Webhelp-Altermind remis cette semaine, d’externalisation de certaines activités publiques non régaliennes et de reprise par les entreprises concernées des fonctionnaires les exerçant actuellement, sont à étudier en profondeur.

Réussir la réforme suppose une vision claire de ce que devront être l’Etat et le service public dans l’avenir et de placer les hommes et les femmes qui composent la fonction publique au centre de la transformation. Car rien ne sera possible sans leur adhésion, comme le confirme la crise des Gilets jaunes.

Une même vision est nécessaire concernant le redressement de nos finances publiques. La baisse de 0,6 point des dépenses publiques et de 0,2 des prélèvements obligatoires en 2018 est une bonne surprise. Mais il faut moins que jamais relâcher la pression. Nous restons le cancre de la zone euro, la dette publique continue à tutoyer les 100% du PIB et nous savons d’ores et déjà que le déficit public va déraper en 2019 du fait des mesures consenties par Emmanuel Macron aux Gilets jaunes et du ralentissement de la croissance. L’essentiel et le plus dur restent à faire. Ne comptons pas sur la conjoncture ou un quelconque miracle pour les réaliser à notre place !

Le changement de méthode doit aussi s’appliquer à la gestion du gouvernement. Sans même revenir sur l’appropriation solitaire du Grand débat par Emmanuel Macron, le nouveau retard pris dans le remplacement des trois ministres démissionnaires de mercredi est inacceptable. Loin d’illustrer la maîtrise du temps par le président, ce délai démontre le dysfonctionnement du système actuel. Les démissions de Nathalie Loiseau, Benjamin Griveaux et Mounir Mahjoubi étaient prévisibles. Sauf à considérer ces ministres inutiles, il fallait donc préparer leur succession et être en mesure de l’annoncer dès la démission des anciens titulaires.

Face aux défis auxquels notre nation et l’Europe sont confrontés, il est plus que temps d’abandonner les mauvaises habitudes et de passer à la vitesse supérieure. L’heure est venue de redonner une colonne vertébrale à l’action publique, de remettre l’unité et le collectif au cœur du projet national et de reprendre foi en notre destin. Notre jeunesse le mérite. L’avenir de la France et de l’Europe est entre nos mains.

Bon week-end à tous

François Vigne

Président de la France en marche

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