Coup sur coup, nous avons appris hier que le procureur de la République ainsi que le chef de l’Etat avaient affirmé une contre-vérité ou menti dans l’affaire de la septuagénaire blessée lors de l’acte XIX des Gilets jaunes à Nice et que le cabinet d’Emmanuel Macron avait diffusé une fausse vidéo pour tenter de disculper Alexandre Benalla en juillet dernier. Aujourd’hui, il était confirmé qu’Alexis Kohler, secrétaire général de l’Élysée, avait été averti dès le 2 mai 2018 par le même Alexandre Benalla des violences commises par lui  la veille contrairement à ce qui il avait déclaré devant la commission d’enquête du Sénat.

Tous ces mensonges discréditent la parole publique et délégitiment l’autorité de l’exécutif, comme de la justice. L’enquête démontrera si le policier mis en cause dans la chute de Geneviève Legay à Nice a usé d’une force appropriée pour assurer le maintien de l’ordre. Comme il l’a indiqué en exprimant ses sincères regrets, il n’a agi que « dans le strict respect des ordres donnés par sa hiérarchie ».

Quelle que soit la conclusion de l’enquête, il est en revanche clair que le procureur de la République de Nice et Emmanuel Macron auraient dû s’abstenir de parler trop vite avant d’avoir confirmation des faits ou de mentir s’ils connaissaient déjà la vérité.

Aucun combat politique ne justifie de tromper les Français. Il est au contraire essentiel que la parole publique soit claire, sûre et digne de foi. L’ensemble des citoyens doivent pouvoir faire confiance au président de l’exécutif, aux autres membres de l’exécutif, ainsi qu’à la justice et avoir l’assurance que ceux-ci ne cherchent pas à les induire en erreur.

Cette exigence est encore plus nécessaire à l’époque des fakes news et autres manipulations sur les réseaux sociaux. Il n’est pas possible, de se prétendre, comme Emmanuel Macron, héraut de la lutte contre les fake news, de faire adopter une loi contre la manipulation de l’information et de transformer l’Elysée en premier centre de fake news de France !

Le pouvoir doit donner l’exemple et faire cesser ces pratiques inacceptables en se séparant sans délai des responsables de ces fautes graves. Il devra ensuite engager les poursuites appropriées. Il en va de l’autorité publique et de la légitimité de nos institutions.

Alors que l’incapacité du ministre de l’Intérieur à assurer l’ordre public et à mettre fin aux violences a profondément affecté la légitimité du pouvoir et de la République aux yeux des Français et du monde entier, il est urgent de restaurer la crédibilité de l’Etat.

lfm_2016