Chers Amis,

Revoilà le métro ! Voici 12 ans que les Parisiens ne l’avaient pas vu recommencer à fonctionner avec autant de plaisir. Le caractère exceptionnel de la grève d’hier illustre les progrès réalisés par notre pays en 25 ans. Contrairement aux discours de trop de nos dirigeants, notre peuple n’est pas aussi réfractaire à la réforme qu’ils veulent bien le dire. Comme le montrent les derniers développements de l’affaire Ferrand, c’est bien plutôt notre classe politique qui aurait besoin de renoncer à ses mauvaises pratiques et de s’ouvrir à l’innovation.

Emmanuel Macron et Edouard Philippe ont eu tort de voler au secours du président actuel de l’Assemblée nationale. Il faut bien sûr respecter la présomption d’innocence. Et n’oublions jamais de nous rappeler : qui sommes-nous pour juger ?

Mais les faits sont graves et ne sont pas contestés. Il est important de les rappeler. En 2011, le groupe mutualiste dirigé par Richard Ferrand cherchait à louer des locaux dans le centre de Brest pour y installer un centre de soins. Richard Ferrand décida alors d’organiser l’acquisition par sa compagne d’un bien immobilier répondant aux besoins afin de les louer au groupe qu’il présidait. L’opération permit à sa compagne de réaliser une opération très profitable, le prix d’acquisition des locaux étant rapidement remboursé par les loyers versés par les Mutuelles.

La qualification retenue par la justice pour l’infraction commise peut être contestable. On peut aussi s’interroger sur la question de la prescription des faits. Mais il est clair que cette opération d’enrichissement personnel n’est pas conforme à l’éthique de comportement attendue du quatrième personnage de l’Etat.

Connaissant ces faits, le président de la République, le Premier ministre et les responsables du parti présidentiel n’auraient jamais dû placer Richard Ferrand à la tête de l’Assemblée nationale et encore moins le maintenir. Au moment où Emmanuel Macron assurait Richard Ferrand de son soutien total et où Edouard Philippe lui renouvelait son amitié, nous apprenions la suspension d’un policier de Sevran, le temps de clarifier les faits après une interpellation musclée, la sanction du seul commissaire en charge des opérations le soir de la mort de Steve Caniço, ainsi que la réhabilitation par la justice du professeur berrichon immédiatement et lourdement sanctionné par l’Éducation nationale en 2017 pour avoir fait étudier la Bible à ses élèves.

Cette terrible illustration de la pratique deux poids, deux mesures est profondément destructrice pour notre nation, si attachée au principe d’égalité. Rien ne sert d’affirmer lutter contre le populisme ou le malaise des Gilets jaunes si c’est pour mieux les alimenter par de tels comportements. Comme chacun de nous, Richard Ferrand, François Bayrou, Marielle de Sarnez et Sylvie Goulard ne sont pas irremplaçables. La France regorge de talents. C’est pour cela qu’il est irresponsable de nommer ou maintenir aux plus hautes fonctions de l’Etat ou de la Commission européenne des personnalités que nous savons fragiliser par des affaires connues ou proches d’être révélées.

Au moment où de nombreux repères sont brouillés et où beaucoup ne savent plus où sont le bien et le mal, il est essentiel que les gouvernants tracent le chemin et fassent preuve d’exemplarité. Ils doivent aussi se montrer innovants.

Le fait que ce soit l’Etat de Californie, et non la France, qui ait décidé de réviser la définition du salariat pour y inclure les travailleurs indépendants, comme ceux d’Uber et de Lyft, doit appeler à l’humilité tous ceux de nos dirigeants qui se croient en avance ou porteurs d’un modèle social supérieur. Notre pays aurait pu, aurait dû être à l’avant-garde de ce combat, comme il doit l’être à celle de la confidentialité des données et de la protection des libertés.

C’est notre devoir de ne pas être en retard d’une bataille et de tirer les enseignements des mauvaises expériences des uns ou des autres. Agissons en pensant à l’avenir de France et celui de nos enfants et petits-enfants. Les contorsions de la majorité sur la définition de la filiation dans le projet de loi sur la PMA doivent nous alerter. Avec la généralisation de la PMA et de la GOA, nous risquons de construire une monstruosité juridique et une monstruosité anthropologique.

J’étais hier à Bondy à la rencontre d’associations qui réalisent un travail extraordinaire au service de l’intégration et du Bien commun. Partout sur le territoire, il se passe des choses formidables avec des hommes et des femmes, des jeunes, mais aussi des moins jeunes, qui travaillent à faire jaillir la lumière dans des zones difficiles. Contre tous ceux qui veulent exploiter les peurs, ils sont les vrais acteurs de l’intégration et les bâtisseurs de l’unité nationale.

C’est aussi en pensant à eux que nos dirigeants politiques doivent se montrer exemplaires et innovants. Nous pouvons, si nous le voulons, offrir à notre pays l’avenir qu’il mérite. A nous tous d’agir ensemble, avec sens des responsabilités et détermination, pour que ce soit le cas !

Bon week-end à tous

François Vigne

Président de la France en marche

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