La tragique tuerie de la préfecture de police de Paris est profondément grave. Après le saccage de l’arc de Triomphe, les émeutes du 16 mars, l’incendie de Notre-Dame, elle est un terrible échec pour le pouvoir actuel. C’est tout l’Etat qui vacille de nouveau et quatre de ses serviteurs qui viennent encore de perdre la vie. La faute de l’exécutif est triple.

En ne prenant pas toute la mesure de l’enjeu de la lutte contre le terrorisme islamiste, en minimisant les risques de radicalisation, en ne voulant pas nommer les choses par leur nom sous le prétexte d’un refus d’une soi-disant islamophobie, en ne procédant pas à l’expulsion immédiate de prêcheurs fanatisés et en maintenant des relations troubles avec les pays étrangers qui financent les djihadistes, le pouvoir a laissé prospérer une menace terroriste au sein même de l’appareil d’Etat, qui menace la sécurité de tous et fait douter chacun de la robustesse de notre République.

Le ministre de l’Intérieur peut tenter de jouer sur les mots en parlant de dysfonctionnement d’Etat plutôt que de scandale d’Etat, le mal est fait et l’édifice entier menacé. L’Etat régalien a été gravement pris en défaut de vigilance et d’efficacité. Je n’ai aucun doute sur notre victoire, mais la lutte sera longue et aurait pu être évitée.

La deuxième faute du pouvoir est d’avoir parlé trop vite et d’avoir décrédibilisé la parole publique. En affirmant, au mépris de toute prudence et de tout bon sens, que le tueur n’avait  « jamais présenté de difficultés comportementales », ni « le moindre signe d’alerte » et qu’aucun élément saillant attestant d’une dérive radicale n’avait été découvert lors des premières recherches, Christophe Castaner s’est montré incompétent, irresponsable ou menteur ou les trois à la fois. En faisant le choix de l’idéologie plutôt que de la vérité, le ministre de l’Intérieur a fait le jeu de ceux qui font du complotisme leur fonds de commerce politique, à commencer par Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon.

La troisième faute de l’exécutif incombe à Emmanuel Macron et Edouard Philippe. Après toutes les fautes de Christophe Castaner, après ses échecs répétés, la responsabilité des plus hautes autorités de l’Etat était de mettre fin à ses fonctions. En préférant l’amitié et la fidélité politique à la compétence et aux intérêts de l’Etat, le président et son Premier ministre ont mis notre pays en danger. C’est la nation toute entière qui souhaite aujourd’hui le départ du ministre de l’Intérieur. Ce dernier a fait la preuve de son incapacité à assumer sa mission. Il ne doit plus rester en fonction.

Emmanuel Macron ne doit plus hésiter. Il doit avoir le courage de décider et de trancher. Aux trois fautes déjà commises, il ne doit pas ajouter celle de la pusillanimité. Il en va de la sécurité nationale et de l’intérêt de la France. Le temps est plus que venu d’entreprendre le redressement de l’Etat.

lfm_2016