La réaction d’Emmanuel Macron et de sa majorité au rejet par le Parlement européen de la nomination de Sylvie Goulard à la Commission ne va pas dans sens des intérêts de la France. Dans la droite ligne de celle qu’ils avaient déjà eue lors l’échec de l’élection de Nathalie Loiseau à la présidence du groupe centriste au Parlement européen en juin dernier, elle montre une France arrogante et revancharde, qui n’est pas à la hauteur de son histoire et de son rang.

Emmanuel Macron est seul responsable du renvoi de Sylvie Goulard. Il était naïf de penser que les parlementaires européens adouberaient une candidate présentée comme indigne d’être ministre en France. Elle continuait au surplus à souffrir de deux grandes faiblesses. Même si elle n’a pas encore été mise en examen dans l’affaire des emplois présumés fictifs du MoDem au Parlement européen, les deux enquêtes en cours restent une épée de Damoclès au-dessus de sa tête.  Elle n’a pu non plus donner de réponse convaincante aux accusations de conflit d’intérêts qui pèsent sur elle concernant les missions rémunérées effectuées entre 2013 et janvier 2016, en parallèle de son activité de député européen, pour le compte de l’institut Berggruen.

En mettant en cause l’attitude revancharde des parlementaires européens, en critiquant vertement la présidente de la Commission et en tentant de s’ingérer dans ses compétences en matière de délimitation des portefeuilles, le président de la République accrédite les propos de tous nos détracteurs et donne à l’Europe une vision déplorable de notre pays.

Ce n’est pas parce que le pouvoir français tolère, avec le maintien en fonction de Richard Ferrand ou de Thierry Solère des pratiques inacceptables que vos voisins doivent faire de même. Emmanuel Macron montre également qu’il n’a rien compris à ce qu’est ll’Union en prétendant exercer une domination verticale sur l’Europe et ses institutions ou en reprochant à Angela Merkel et Ursula von der Layen de ne pas avoir transformé les parlementaires européens de la CDU en godillots. Si ces vieilles pratiques existent toujours en France, elles n’ont plus cours au sein de l’Union !

Quand le chef de l’Etat  ajoute « Ce qui m’importe, c’est le portefeuille » ou que ses proches se plaisent à dénigrer Ursula von der Leyen « une création de Macron et Merkel », ils témoignent d’une conception intergouvernementale totalement datée de l’Union et de son Parlement.

La France mérite mieux ! Pour continuer à jouer un vrai rôle dans le monde  et à ne pas sortir de l’histoire, nous devons privilégier le collectif, nous unir, nous mobiliser ensemble et fédérer nos volontés, ainsi que nos moyens, en mettant les égos de nos dirigeants derrière nous.

Comme l’avait montré Nicolas Sarkozy avec succès pendant son quinquennat, ce n’est ni pas l’arrogance, ni par l’autorité que la France retrouvera son leadership européen, mais par son imagination, sa capacité de conviction, d’influence et d’entraînement, ainsi que par l’énergie que ses gouvernants sauront déployer.

Il est temps de sortir des vieux schémas, d’innover et de d’agir avec responsabilité. C’est ainsi que nous pourrons ensemble repartir de l’avant et permettre à notre pays d’être à la hauteur de son destin.

lfm_2016