Chers Amis,

Le changement simultané de dirigeants à la tête de la Commission européenne et de la Banque centrale européenne est une formidable occasion de repartir de l’avant. C’est la responsabilité de nos gouvernants de transformer l’arrivée de ces deux femmes de talent à la tête de ces institutions essentielles en chance pour notre pays et pour l’Union. Il faut pour cela leur faciliter la tâche et les aider au moment de leur prise de fonction.

Jean-Claude Juncker laisse un pauvre bilan. Son nom restera associé au Brexit, à la crise non réglée des migrants plus globalement à la crise de la construction européenne. Il sera vite oublié. Nous garderons un bien meilleur souvenir de Mario Draghi. Sa détermination à utiliser l’ensemble des moyens nécessaires pour éviter l’explosion de l’euro et l’énergie qu’il a déployé pour y parvenir ont payé. Si l’avenir reste incertain, la bataille a pour l’instant été gagnée, notamment grâce à lui.

Mais le succès de sa période de présidence initiale ne doit pas cacher les limites et les risques des actions menées depuis. La poursuite de la politique monétaire expansionniste et de taux très bas conduit à l’euthanasie des épargnants au profit des Etats les plus dépensiers, à commencer par le nôtre, à la précarisation de notre système bancaire et à la prolifération de bulles spéculatives, sans permettre la reprise de l’inflation, ni éviter un ralentissement structurel. Surtout, l’explosion du bilan de la BCE constitue une bombe à retardement et l’expansionnisme monétaire une impasse dont personne n’a encore trouvé le chemin de sortie.

Le futur n’est pas plus assuré s’agissant des institutions politiques de l’Union. Le report à fin novembre du vote du Parlement européen pour d’investiture de la nouvelle commission, suite au rejet de la candidature de trois candidats commissaires, dont Sylvie Goulard, retarde l’entrée en fonction de la nouvelle équipe et la fragilise malheureusement.

Il démontre également que la fragmentation du Parlement européen et la remise en cause du système bipartisan qui prévalait jusqu’aux dernières élections vont nous conduire à une paralysie rapide et à des crises à répétition contraires à l’intérêt de chacun de nous et à une saine vie démocratique. Le risque de IVemeRépublicalisation est grand et il faudra beaucoup de talent et d’énergie pour le surmonter.

Dans cette perspective, il est regrettable que l’exécutif ait choisi de ne pas proposer la candidature de Michel Barnier comme commissaire européen du seul fait de son appartenance aux Républicains et au PPE. Le choix de Thierry Breton est d’autant plus curieux qu’il ne remplit aucun des objectifs mis en avant par le pouvoir français pour justifier, il y a quelques mois, la présentation de Sylvie Goulard, à savoir la parité hommes femmes et l’expertise européenne. Et il serait profondément dommage que le risque pris en présentant un nouveau candidat mis en cause dans certaines affaires conduise à un nouvel échec français.

Il est urgent de ne plus perdre de temps. Cela sera d’autant plus déterminant que les défis sont immenses. La nouvelle crise syrienne vient de confirmer notre incapacité à agir sur les évènements dans un conflit qui se déroule à nos portes. Les impacts du réchauffement climatique, qui se font de plus en plus sentir, démontrent la nécessité d’agir ensemble dans un combat pour lequel les frontières nationales sont vaines et sur lequel la France n’a aucune leçon à donner au monde, comme en témoigne le rapport sur l’environnement publié jeudi.

De façon beaucoup moins dramatique, mais avec des enjeux également déterminants, le coup de force de Google contre la nouvelle réglementation sur les droits voisins visant à assurer un meilleur partage des revenus du numérique au bénéfice des producteurs d’information et la volonté du géant américain de se placer au-dessus de la législation nationale et européenne attestent de la nécessité d’unir nos forces pour garantir notre liberté, notre sécurité et notre souveraineté.

Face à ces défis, c’est notre responsabilité commune de rassembler la nation entière, de faire appel aux meilleurs talents, sans égard pour les étiquettes partisanes ou pour l’appartenance à telle ou telle chapelle, de mobiliser toutes les énergies et d’agir vraiment pour offrir à nos enfants et petits-enfants l’avenir qu’elles méritent, en œuvrant au bien commun.

Ensemble, faisons le choix du meilleur et de la grandeur pour la France et pour l’Union !

Bon week-end à tous

François Vigne

Président de la France en marche

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