Jeudi dernier, la conférence que devait tenir Sylviane Agacinski à l’université Montaigne de Bordeaux  sur le thème de « l’être humain à l’époque de sa reproductibilité technique » a été annulée au motif que la « sécurité » ne pouvait en être assurée. Des associations avaient affirmé vouloir tout mettre en œuvre pour empêcher la venue de la philosophe du fait de son opposition à la GPA et ses critiques concernant la PMA.

Une réaction forte des pouvoirs publics et des intellectuels s’imposait face à cette censure et à cette atteinte inacceptable à la liberté d’expression. Au lieu de cela, le silence fut complet, comme ce fut le cas lors de l’annulation d’une pièce d’Eschyle à la Sorbonne en mars dernier ou de la perturbation de la venue d’Alain Finkielkraut à Sciences-Po il y a quelques mois ! Cette soumission du pouvoir aux lobbys et aux partisans de la pensée unique est aussi dangereuse qu’inacceptable.

Ce n’est pas parce que Sylviane Agacinski défend des positions différentes de celles du président de la République et de la majorité sur le sujet de la PMA et de la GPA qu’elle doit être bâillonnée. C’est la force et l’honneur de la démocratie de permettre à chacun de défendre ses opinions, quitte à devoir répondre des excès de paroles devant les tribunaux s’ils ont blessé. Les dérives de la liberté d’expression ne seront jamais aussi dangereuses que son étouffement. Se soumette aux censeurs, c’est abdiquer les valeurs qui font la grandeur et l’honneur de la France et de notre régime républicain.

Face aux dangers du robespierrisme et aux terribles méfaits de ceux qu’il a inspirés, nous devons tous nous comporter en enfants de Voltaire et nous battre jusqu’à la mort pour que chacun ait le droit de le dire ce qu’il souhaite, même si nous ne sommes pas d’accord avec ses propos.

Cette responsabilité est collective. Mais il revient tout particulièrement à nos gouvernants, à commencer par le président de la République, de défendre et de faire assurer le pluralisme et la liberté d’expression partout en France. Comme l’affirmait Clemenceau, « la République vit de liberté ». Face aux récentes attaques, il est urgent d’agir. L’avenir de notre République et de notre démocratie est en jeu.

lfm_2016