Chers Amis,

Le défi est clair. Il est immense. C’est la responsabilité de notre génération. Il ne s’agit pas moins que de reconstruire notre démocratie. Les derniers sondages qui mettent Emmanuel Macron et Marine  Le Pen au coude à coude pour la prochaine élection présidentielle le confirment. L’état d’effondrement de notre système actuel, parti présidentiel compris comme en témoigne la difficile préparation des élections municipales, en atteste. Tout est possible. Il y a urgence à agir pour que l’avenir soit celui que nous voulons.

L’engagement démocratique cède aujourd’hui la place à une double tentation : celle de l’apathie et du retrait d’une part, en particulier chez les élites de plus en plus mondialisées et avant tout désireuses que les perturbations politiques n’interfèrent ni dans leurs affaires, ni dans leurs loisirs, celle de la désobéissance civile ​d’autre part pour tous ceux qui ne se retrouvent pas dans le système actuel, ni dans son mode de fonctionnement.

Cet engouement nouveau pour la désobéissance civile n’est pas réservé à la France. Le fait que la majorité des Brexiters se disent aujourd’hui prêts à agresser des parlementaires pour que leur projet soit mené à bien en est la triste illustration. Mais le rejet de la politique est particulièrement marqué dans notre pays, comme l’ont montré l’action des Gilets jaunes et les différents mouvements sociaux qui se développent.

Dans ce contexte, il y a urgence à reconstruire les fondements de notre démocratie et à lui donner un nouveau souffle qui emporte l’adhésion des jeunes générations. Cela suppose de mettre fin à l’immobilisme, aux promesses non tenues et aux mauvais comportements qui discréditent notre classe politique actuelle. Comment le chef de l’Etat peut-il garder sa crédibilité quand il affirme, en visite à Rouen mercredi dernier, qu’il n’y a pas eu de défaillance des services de l’État dans l’affaire Lubrizol ?

Et comment la garde des Sceaux peut-elle penser pouvoir plaider la simple maladresse, après que le Canard Enchaîné ait révélé que ses conseillers avaient souhaité connaître les villes cibles électorales du parti présidentiel avant de déterminer la réforme de la carte judiciaire ? Pour revivifier notre vie républicaine, il est essentiel de prendre la pleine mesure de la montée en compétence de l’ensemble de la population, ainsi que de l’ultra-connexion et de l’ultra-information du monde contemporain.

Comment gouverner une société marquée par la forte montée de l’individualisme et par l’excitation instantanéiste de l’information continue ? Clarté de la vision, vérité du discours, efficacité de l’action et cohérence du comportement sont et seront indispensables pour répondre à ce défi. Mais le succès impose aussi d’éviter les pièges de la suréaction immédiate aux événements.

Le traitement de l’attaque de la mosquée de Bayonne lundi dernier est un parfait exemple de ce qu’il ne faut pas faire. Après les réactions enflammées des premières heures dénonçant un attentat antimusulman, comme la montée de l’islamophobie, et pointant la responsabilité du parti de Marine Le Pen, le silence qui a suivi la constatation des troubles psychiques de l’auteur de l’attaque, ainsi que la décision du parquet de ne pas se saisir de l’affaire, révolte les familles des victimes. Nos gouvernants auront réussi à développer un sentiment d’injustice et de deux poids / deux mesures auprès des catholiques, des musulmans, comme des partisans du Rassemblement national. Un formidable gâchis qu’un peu de recul et d’esprit de responsabilité auraient pu éviter !

Nous le voyons. La bataille de l’avenir de la France et de sa démocratie reste à gagner. Mais la victoire est possible. Elle est entre nos mains. Elle dépend de chacune et de chacun de nous. Rien ne se réalisera sans la participation de tous. C’est le sens de notre engagement pour la grandeur de notre pays, pour le progrès social et pour la liberté de chacun, et c’est le combat pour lequel nous vous invitons à nous rejoindre.

Ensemble, faisons fructifier l’héritage que nous avons reçu et donnons à notre pays et à l’Europe l’avenir qu’ils méritent !

Bon week-end de la Toussaint à tous

François Vigne

Président de la France en marche

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