Le Conseil Européen a décidé samedi 15 juin dernier de suivre la position française sur l’exception culturelle et d’exclure l’audiovisuel du mandat donné à la Commission Européenne pour les négociations commerciales avec les États-Unis. José-Manuel Barroso, président de cette même Commission, s’est permis de critiquer lundi 18 juin cette décision et de la qualifier de « réactionnaire ». C’est une faute grave !

Après la pantalonnade de panneaux solaires chinois, cette déclaration constitue un nouveau dysfonctionnement majeur des institutions européennes. Comment être crédible dans une négociation face au camp opposé si l’on est incapable d’offrir un front uni ? Nos contreparties savent parfaitement tirer profit de nos faiblesses.

Les traités européens donnent compétence à la Commission pour négocier  les accords tarifaires dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), les accords commerciaux et de partenariat avec les pays tiers, etc.  « au nom de l’Union sur mandat du Conseil ».  En critiquant publiquement la position du Conseil, José-Manuel Barroso a outrepassé son mandat. Qu’il ait agi par conviction personnelle ou pour briguer d’autres fonctions, la faute reste la même : il a joué contre son camp. S’il n’était pas d’accord avec la position française, il n’avait qu’à convaincre les autres membres du Conseil de la refuser avant que la position du Conseil ne soit arrêtée. Celle-ci rendue publique, il ne restait plus au président de la Commission qu’à la mettre en œuvre fidèlement et sans états d’âme. Le comportement de José-Manuel Barroso mérite un carton rouge et aurait dû être sanctionné en conséquence.

Pourquoi faut-il que la sphère politique soit la seule dans laquelle l’esprit d’équipe n’est ni imposé, ni valorisé ? Si l’Europe veut être efficace face à des partenaires qui ne sont pas des enfants de chœur, elle doit chasser en meute. C’est encore plus vrai pour le collège des commissaires européens et pour leur président. Pour paraphraser la formule de Jean-Pierre Chevènement, un président de la Commission Européenne, « ça ferme sa gueule, si ça veut l’ouvrir, ça démissionne ».

Proposition R2F n°5 pour l’Europe
Démission automatique pour tout commissaire européen – et a fortiori pour le président de la Commission européenne – qui prendrait une position publique contre une décision du Conseil européen

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