Samedi, nous apprenions successivement que cinquante millions de comptes Facebook avaient été piratés et que la Turquie mettait à disposition des internautes une application « EGM » permettant de dénoncer les dissidents aux autorités turques.
Derrière ces deux faits sans lien apparent, une même réalité s’impose. Il y a urgence à refonder nos systèmes juridiques, y compris et en particulier la protection des libertés publiques, pour les adapter aux conséquences et aux risques de la révolution digitale. C’est une nécessité absolue si nous voulons que les nouvelles technologies ne soient pas, pour l’humanité entière, synonymes d’une immense régression.
Il faut sans attendre établir une nouvelle déclaration universelle des droits numériques de l’homme. Celle de 1948 ne suffit plus. Nous devons mettre en place les mécanismes permettant d’assurer que tous les tyrans de ce monde puissent être poursuivis, là où ils trouveront refuge et de façon imprescriptibles, quand ils portent atteinte aux droits et libertés fondamentales de leurs concitoyens.
Nous devons également obliger toutes les plateformes digitales à commencer par Google, Facebook et l’ensemble de leurs homologues, à informer et indemniser leurs membres, dès lors que leurs informations personnelles et confidentielles sont piratées, à charge pour elles de se retourner contre les auteurs de ces forfaits
Il convient aussi d’imposer à tous les acteurs du numérique, qui recourent aux neurosciences et autres sciences cognitives pour influencer le comportement de leurs clients à des fins commerciales, politiques ou autres, d’informer leurs clients ou visiteurs de cette pratique. Cette information ferait l’objet d’un message dès la connexion et aussi longtemps que ces sollicitations dureront. Rien ne doit être caché en la matière et il faut informer l’utilisateur des tentatives d’influence et de manipulations dont il est l’objet.
La nécessité de laisser se développer une industrie naissante ne peut plus être invoquée pour justifier l’inacceptable. L’industrie numérique est suffisamment mature pour ne plus rien craindre pour son existence. Le dernier mot ne doit plus revenir aux lobbies.
Ensemble, mettons le numérique au service de l’homme plutôt que l’homme au service du numérique !