Le discours de Macron à Versailles était annoncé comme le coup d’envoi du quinquennat Macron. Ce fut un faux départ !

Au-delà des quelques citations, des nombreuses généralités et des longueurs, ce sont le manque de vision et le flou qui ont marqué l’intervention du chef de l’Etat.

Sur les réformes institutionnelles mêmes, qui ont constitué la partie la moins imprécise de son propos, il eut fallu plus d’ambition et de célérité. Pourquoi remettre à 2018 la réduction du nombre de parlementaires qui sera d’autant plus difficile que le président aura perdu le soutien populaire ? Pourquoi se contenter de transformer le Conseil économique, sociale et environnementale, alors qu’il faudrait le supprimer ? Pourquoi ne pas préciser dès à présent la dose de proportionnalité envisagée ?

De même sur l’Europe, les Français attendaient autre chose que des déclarations incantatoires sur le besoin d’Europe. Le candidat Macron avait justement mis la refondation de l’Union au cœur de sa campagne. Ce n’est pas avec les vieilles mêmes idées ressassées depuis l’époque Jospin-Strauss-Kahn que l’on parviendra, mais avec des propositions concrètes et des idées nouvelles permettant de ranimer l’Union et de lui donner un avenir.

Si le nouveau président a justement rappelé l’obligation d’une transformation résolue et profonde », il s’est une nouvelle fois abstenu d’évoquer l’impérieuse transformation l’Etat et des administrations publiques qu’exige le redressement de la France. Cette omission est un nouveau signal fort du manque d’ambition du chef de l’Etat en la matière. Il est pourtant clair qu’aucun redressement de la France ne sera possible sans réinvention de l’Etat. Il ne s’agit pas de pratiquer un énième coup de rabot, de se contenter de rétablir le jour de carence pour les fonctionnaires, mais de repenser les missions de l’Etat et son architecture pour le rétablir dans ses fonctions régaliennes et le doter des structures en phase avec les moyens et les défis du XXIème siècle.

Rien ne sert de réunir chaque année le Congrès à Versailles, comme le président l’a annoncé hier, avec tous les coûts que cela représente, pour rester dans un tel niveau de généralité ! Il y a eu la pompe, le décorum et tous les artifices élyséens. Les nécessaires réformes, elles, sont restées à la porte !

En plus d’affirmer la prééminence d’Emmanuel Macron sur son Premier ministre, la convocation de ce Congrès dès le 3 juillet avait pour but de fixer le cap et le sens du quinquennat qui s’ouvre. Après son allocution, on les cherche toujours.

Il a en fait manqué, au discours du chef de l’Etat, le soutien et le souffle d’une vraie vision de ce qu’est la France aujourd’hui, de ce qu’elle sera dans 25 et dans 50 ans, de ce dont elle a besoin pour être à la hauteur de son histoire, de sa vocation et son destin. Dans l’avenir, cette erreur devra être réparée.

Comme l’a répété à plusieurs reprises le candidat Macron, rien ne sera possible sans confiance. Après le discours raté de Versailles, tout reste à faire !

lfm_2016