Le gouvernement annonce aujourd’hui le renforcement du dispositif militaire français au Moyen-Orient après avoir fait subir hier un nouveau coup de rabot de 100 millions d’euros au budget de la Défense lors du vote du projet de budget 2015 à l’Assemblée nationale.

Il faut sortir de cette politique schizophrène. La France ne pourra plus longtemps continuer à déployer des moyens militaires supplémentaires avec des ressources financières de plus en plus réduites. Les artifices que le gouvernement promeut pour tenter de retarder l’ajustement ne peuvent pas fonctionner.

Remplacer – comme c’est le cas dans l’actuel projet de budget – des recettes budgétaires certaines par des produits de cession exceptionnels, potentiels et incertains, dans leur réalisation, leur montant comme dans leur calendrier de règlement, n’est pas responsable.

Le projet du ministre de la Défense de recours à des financements privés pour l’acquisition de nouveaux armements ne fonctionne pas mieux, car il revient à les financer à crédit, donc à augmenter la dette publique.

Essayer enfin de soustraire du calcul des ratios français de déficit budgétaire celles de nos dépenses militaires qui sont également utiles à la défense de l’Europe n’a pas plus de sens. Ce schéma cache-misère n’apporterait aucune solution au problème du financement de notre effort de défense et conduirait à un surcroît d’endettement. Si la question d’une participation européenne au financement de notre effort de défense doit être posée, il faut le faire franchement. La seule option pérenne dans ce cadre consisterait à faire financer une partie de nos dépenses militaires par le budget européen. La conséquence en serait que nous devrions partager la décision ultime sur l’engagement de ces dépenses, donc de nos actions militaires, avec les 27 autres membres de l’Union. Au vu de l’expérience des 15 dernières années, c’est prendre le risque d’un immobilisme permanent et d’une incapacité militaire à agir.

En dix ans, les effectifs de la défense ont baissé d’un quart et le ministère de la Défense a assuré plus de 60  % des réductions de postes de l’Etat pour être en mesure de financer la modernisation des équipements militaires.

Pour boucler leurs fins de mois, nos armées en sont réduites à limiter l’entrainement de leurs soldats et à ne tenir que 60  % de leurs personnels et équipements parfaitement opérationnels et prêts à être engagés.

La politique de fuite en avant ne peut plus durer, alors que les derniers développements de la crise ukrainienne et les nouveaux massacres commis par le DAECH démontrent la nécessité de ne pas désarmer.

Notre indépendance exige des moyens. A nous de nous les donner en réalisant ailleurs dans le budget de fonctionnement de l’Etat les économies nécessaires. Notre souveraineté et notre liberté sont en jeu !

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