Chers Amis,

Qu’est-ce qu’une nation ? Ernest Renan répondait il y a 136 ans que c’était vouloir vivre ensemble. Cette définition n’a pas vieilli et elle s’applique aussi à cette construction unique qu’est l’Union européenne. Si cette volonté de vivre ensemble n’existait plus, alors oui, notre nation, comme l’Europe, seraient menacées. C’est pour cela que nous devons prêter toute l’attention qu’il mérite au mouvement des gilets jaunes.

Nous verrons ce que la mobilisation prévue aujourd’hui donnera. Mais, au-delà des revendications spécifiques sur le prix des carburants, c’est aussi le cri de souffrance et de révolte de toutes les zones périurbaines et rurales, de ceux qui vivent en dehors des métropoles, de cette diagonale du vide, qui va de la Meuse aux Landes, de tous ceux qui sont exaspérés par le mépris de la bureaucratie parisienne, que le mouvement des gilets jaunes exprime. Le soutien que lui apportent 74% des Français est une autre preuve de la profondeur de la crise.

C’est parce que les élites américaines n’y ont pas été attentives que Donald Trump a pu s’installer au pouvoir, à la tête d’une nation durablement fracturée. C’est pour cela aussi que les Britanniques sont partis dans l’aventure du Brexit et que de nombreux peuples leur emboîtent le pas.

Tous les gilets jaunes que j’ai rencontrés ces derniers jours me l’ont confirmé. L’attitude du chef de l’Etat, ses paroles arrogantes, ses théories des premiers de cordée ou de start-up nation ont beaucoup plus fait pour développer leur colère que ses débuts de réforme. Emmanuel Macron a eu raison de faire son mea-culpa mercredi. Mais les mesures annoncées par le Premier ministre pour tenter de calmer la révolte fiscale ne sont pas à la hauteur de la situation !

Où est la cohérence entre les objectifs environnementaux affichés du gouvernement et l’augmentation des indemnités kilométriques, ainsi que l’élargissement du chèque énergie ? L’usine à gaz présentée vise à tenter d’étouffer la révolte tout en préservant la hausse des rentrées fiscales. L’argumentaire pro environnemental ne tient pas. Le vrai problème est là. Tant que l’exécutif ne se sera pas attaqué à la réduction des dépenses de fonctionnement de l’Etat, la jacquerie fiscale et les tensions continueront à se multiplier.

Je crois profondément qu’au-delà des déclarations, la responsabilité des dirigeants politiques est de sortir des sentiers battus et de faire du rassemblement de tous les Français, de l’inclusion de chacun dans la collectivité nationale et du progrès social collectif une priorité essentielle. Les Français attendent qu’on règle leurs problèmes. Ce n’est pas en fustigeant le populisme dans les discours, mais bien plutôt en s’attaquant à ses causes : insécurité, chômage, montée de l’islamisme, désertification que nous permettrons à la France de repartir de l’avant et ferons triompher la démocratie !

Ce qui vaut pour la France vaut aussi pour l’Europe. Le refus mardi du gouvernement italien de réviser son budget conformément aux demandes de la Commission nous place dans une nouvelle impasse, dont il est urgent de sortir. Je n’ai aucune affection particulière pour Mattéo Salvini. Mais nous devons nous interroger. Est-il légitime de nous montrer plus sévère avec lui que nous ne le sommes avec Donald Trump quand il attaque le chef de l’Etat français et insulte tout notre peuple en nous traitant de collabo ! Est-ce cela faire Union ?

Nous devons retrouver cette volonté de vivre ensemble, au sein de notre nation, comme en celui de l’Union européenne La nouvelle crise du Brexit montre que nous n’avons rien à gagner à jouer la carte du pourrissement.

Nous sommes à un tournant de l’histoire. Les défis qui se présentent à nous sont nombreux, mais nous pouvons les relever pour autant que nous le voulions et que nous en prenions les moyens. A nous de faire triompher l’espoir sur la peur et l’unité de notre dessein sur le conflit et sur la discorde. C’est le sens de notre engagement et de notre combat.

Ensemble, traçons le chemin qui assure l’avenir de la France et celui de l’Europe !

Bon week-end à tous

François Vigne

Président de la France en marche

 

 

 

 

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