Chers Amis,

La France a deux rendez-vous essentiels dans les six prochains mois. Le premier est la conclusion du Grand débat, le second le scrutin européen. Nous devons donner à notre pays les moyens d’en faire deux succès. C’est la vertu du Grand débat d’avoir permis de rétablir le dialogue entre un exécutif terriblement isolé et le peuple français, ainsi que les corps intermédiaires. Il faut maintenant éviter que la consultation nationale ne devienne une grande frustration collective et que les élections européennes soient l’exutoire naturel de la colère populaire.

Ce risque deviendra majeur si les Français constatent que leurs doléances ne sont pas entendues. Pour le pouvoir, l’atterrissage sera d’autant plus compliqué que les revendications qui émergent, en matière de fiscalité ou de vision de la société par exemple, sont à l’opposé de la politique menée depuis deux ans. Le président de la République va donc être confronté au dilemme de devoir soit changer radicalement de direction en menant une action en rupture avec ses promesses de campagne, soit reprendre le fil de la politique mise en œuvre jusqu’à l’affaire Benalla en allant contre les vœux exprimés par la population.

L’autre risque fondamental du Grand débat est sa confiscation par différents groupes de pression profitant de l’apathie du reste de la nation. C’est pour conjurer cette menace que nous avons choisi de participer activement et de répondre à l’ensemble des questions posées, le cas échéant réécrites pour leur redonner un vrai sens. Elles seront rapidement mises en ligne sur notre site, ainsi que nos propositions de réponses, et nous vous invitons à nous faire part de vos propres suggestions.

Les élections européennes sont le second enjeu essentiel. Il faut être clair vis-à-vis des Français. La fracturation du monde appelle l’Europe à l’union. Pendant que nous nous disputons avec les Italiens ou d’autres de nos voisins, Américains et Chinois nous taillent des croupières et ont bien l’intention de continuer à tirer parti de nos divisions.

Je défends depuis toujours l’idée qu’une Europe plus forte, capitalisant sur les forces de nos différentes nations, est la meilleure façon de répondre aux défis de notre temps et de répondre aux préoccupations de nos concitoyens. Cela suppose de regarder en face les impasses de la construction actuelle et de remettre à plat beaucoup de ses règles de fonctionnement.  La protection de nos frontières, la consolidation de la zone euro, la convergence sociale et fiscale et la politique industrielle sont des chantiers prioritaires. C’est en leur donnant une nouvelle dynamique que l’Europe pourra gagner en efficacité et redevenir gagnante pour l’ensemble de nos nations.

Les échecs enregistrés depuis deux ans par le chef de l’Etat sur le terrain européen et sa capacité à fédérer contre nous nos partenaires de l’Union démontrent que sa politique n’est pas la voie à suivre. Le fait que 43% des Français aient d’ores et déjà affirmé leur intention d’utiliser le suffrage européen pour exprimer leur opposition à l’action d’Emmanuel Macron et de son gouvernement le disqualifie également pour porter un grand projet français rassembleur pour l’Europe. Mais aucune des autres listes n’est à ce jour à la hauteur de l’enjeu.

L’élection européenne est un défi d’autant plus complexe que le retour à une circonscription nationale et les règles de financement public devraient nous empêcher de constituer une liste autonome. Le budget minimum d’un million d’euros est un redoutable obstacle pour une liste vraiment indépendante. Pour autant, nous travaillons à différentes solutions et entendons prendre toute notre part au combat en apportant notre vision et nos propositions au service de la France dans l’Union.

Cette volonté de développer une vision à long terme et de servir les seuls intérêts de notre pays fait trop souvent défaut à ceux qui nous gouvernent. Les dernières révélations de l’affaire Benalla ou la création par François Hollande, au mépris de ses engagements, d’une holding pour développer ses activités de conférence rémunérées en sont de nouveaux exemples.

Ce sens de l’intérêt de l’Etat et de l’avenir de notre jeunesse a aussi manqué à nos députés mercredi soir quand ils ont voté en faveur d’interdictions administratives de manifester. Les méfaits des casseurs sont inacceptables. L’inaction depuis trop longtemps des pouvoirs publics pour les mettre hors d’état de nuire l’est tout autant. J’ai proposé, dès le 9 décembre 2018, un durcissement sévère des peines applicables aux casseurs et de les priver de toute allocation publique tant que les dommages causés aux biens publics ou privés n’auraient pas été remboursés.

La naïveté serait coupable. Mais l’interdiction administrative de manifester est un vrai risque pour la démocratie et notre liberté. Il ne faut porter atteinte aux libertés publiques qu’avec une main tremblante, en réfléchissant toujours aux abus qu’un pouvoir mal intentionné pourrait commettre.

En votant cette restriction, c’est toute la France, avec son histoire, ses valeurs et son héritage que l’exécutif et sa majorité ont fait reculer. C’est son avenir et celui de sa jeunesse qu’ils ont menacés. La mesure, si elle n’est pas invalidée par le Conseil constitutionnel, devra être abrogée. La grandeur de la France, la liberté et la démocratie sont un combat de tous les jours. Ce combat est le nôtre. Il est celui que nous vous proposons.

Ensemble, construisons la France que nous voulons, une France plus grande, une France plus libre, une France plus puissante dans une Europe plus forte !

Bon week-end à tous

François Vigne

Président de la France en marche

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