Chers Amis,

Dans les circonstances actuelles, le plus grand danger pour la France serait de ne pas savoir où elle va. C’est le vrai risque du Grand débat. Après le sommet organisé lundi dernier à Versailles par Emmanuel Macron, plusieurs de ses participants étrangers m’ont confié leur perplexité face à un président qui semble ne pas savoir où l’exercice va le conduire. Il est essentiel que ce brouillard se dissipe. Notre pays doit retrouver un cap clair et un exécutif capable de le mener.

C’est d’autant plus urgent que le contexte international reste imprévisible. Le Pape et Clint Eastwood ont eu raison de qualifier de fou le monde que façonnent, aux dépens de leurs pays et du monde entier, les dirigeants apprentis sorciers qui sévissent un peu partout dans le monde, des Etats-Unis au Brésil, en passant par la Chine, la Russie, la Hongrie, la Roumanie, les Philippines, les Iles Britanniques et bien d’autres nations. Il faut, dans l’immédiat, nous préparer à affronter les risques d’une telle situation, ainsi que ses fâcheuses conséquences économiques, dont nous voyons chaque jour les signes un peu plus vifs.

Nous devons aussi, c’est la mission de nos gouvernants, agir avec vigueur pour éviter l’escalade des risques politiques sans attendre qu’ils se matérialisent, comme l’a souligné lundi l’économiste en chef du FMI à Davos.

Mais il faut également, et c’est notre responsabilité commune, nous interroger sur les circonstances et les mécanismes qui ont favorisé l’élection de dirigeants déséquilibrés aux fonctions suprêmes afin d’établir de nouveaux dispositifs permettant de mieux nous en préserver à l’avenir. La promotion effrénée des intérêts particuliers et la dictature du court terme sont deux facteurs clefs. Il est clair aussi que les élites économiques, les médias, les corps intermédiaires, ainsi que les autres leaders d’opinion n’ont pas joué leur rôle et que cela doit changer.

Parmi les 35 questions de la consultation nationale, aucune ne porte sur la fonction présidentielle. C’est sans doute la pudeur qui a amené le chef de l’Etat à pratiquer une telle impasse, malgré son caractère déterminant dans le déclenchement de la crise des Gilets jaunes… Pourtant, aucune revitalisation de notre démocratie ne sera possible sans redéfinition de son rôle, et des mesures à mettre en œuvre pour éviter toute nouvelle dérive absolutiste.

Nous devons par ailleurs tirer tous les enseignements des enjeux digitaux mis en lumière par cette première crise française de l’ère numérique. Du rôle mobilisateur des réseaux aux manipulations perverses et à la diffusion de fausses nouvelles par des agitateurs français ou des puissances étrangères, en passant par les tentatives de monétisation de la marque Gilets jaunes ou la constitution de cagnottes numériques par les différents camps, ce sont des pans entiers de notre système politique qu’il faut réinventer et de nouvelles réglementations qu’il faut imaginer pour mettre ces nouveaux outils au service du développement et de la liberté de l’Homme, comme du bien commun.

Ce travail de refondation ne doit pas faire oublier à l’exécutif ses obligations du quotidien. En particulier la réforme de l’Etat ne peut plus être laissée en jachères. Le fait qu’un organisme comme l’Office National des Forêts se retrouve aujourd’hui au bord de la faillite illustre la profondeur de la crise étatique. La confirmation mercredi par l’OCDE de notre première place pour les dépenses sociales ne poserait quant à elle pas de problème, si nous ne perdions pas dans le même temps des rangs dans le classement des meilleurs systèmes de santé ou de prestations familiales. Il est urgent de corriger le tir pour, à la fois, rendre du pouvoir d’achat aux Français et replacer notre nation à la première place en matière de politiques familiale, sanitaire ou de lutte contre la pauvreté.

Il faut pour cela nous inspirer des formidables initiatives et actions qui se développent dans le secteur associatif. Les résultats qu’est en train d’atteindre, dans un secteur réputé difficile, une association comme Vivre les Mureaux en matière de retissage du lien civique et social, de plein emploi et d’attractivité territoriale, sont époustouflants et montrent la voie à suivre. Ils constituent une formidable source d’inspiration et un magnifique témoignage d’espérance pour tous ceux qui, comme nous, croient en l’avenir de la France et à la grandeur de son destin. Place à l’action !

Bon week-end à tous

François Vigne

Président de la France en marche

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