Chers Amis, 

La France moderne est indissociable de son État. C’est son identité. Ce fut sa force. C’est aujourd’hui sa faiblesse. C’est pourquoi le pari du gouvernement de tenter de redresser la France sans réformer l’Etat, en espérant que la reprise du secteur privé permettra d’accélérer la croissance et d’échapper aux efforts indispensables dans le secteur public, paraît bien incertain. 

Le Haut Conseil des finances publiques l’a dénoncé dès mardi : le déficit budgétaire de l’Etat va de nouveau se creuser en 2018, alors même que la dette publique a encore augmenté de 22 milliards d’euros au deuxième trimestre pour atteindre 99,2% du PIB et 1 000 milliards d’euros de plus qu’il y a dix ans ! Le vrai point faible du projet de budget présenté mercredi est là. 

La suppression de l’ISF, reconnu imbécile par tous les gouvernements depuis plus de 30 ans, comme le retour à une fiscalité simple et non confiscatoire pour tous les épargnants, étaient indispensables. Mais il est vraiment dommage que les économies annoncées aient déjà été révisées à la baisse et que la réforme de l’Etat manque toujours à l’appel. Car ce qui n’aura pas été entrepris en ce début de quinquennat, ne le sera pas demain. 

Nous devons faire preuve de plus d’audace et d’ambition. Sinon, si les gouvernements successifs continuent à ne pas oser s’attaquer à la transformation de l’Etat et à la réinvention de ses structures, les Français seront condamnés, à pression fiscale constante, à subir de nouvelles réductions de prestations et à la déconstruction de politiques qui faisaient jusqu’à présent notre force. La politique familiale en est le meilleur exemple.  

La nouvelle réduction de la Prestation d’Accueil du Jeune Enfant (PAJE) va peser sur des familles déjà sévèrement ponctionnées depuis 2012, comme vient encore de le confirmer le dernier rapport de la Cour des Comptes. La prochaine vague destructrice se prépare déjà avec la volonté affirmée de certains députés du parti présidentiel de supprimer le principe d’universalité des allocations familiales et d’en priver les familles au-delà d’un certain niveau de revenus. De renoncements en renoncements, nos gouvernants auront enterré la politique familiale sans que ce choix n’ait été validé par les Français. 

Ce ponce-pilatisme, on l’a retrouvé hier soir lors de l’intervention du Premier ministre sur le sujet de la PMA. En choisissant de tourner autour du pot, Edouard Philippe n’a pas joué son rôle de chef du gouvernement. 

Car la fonction de l’exécutif n’est pas de se contenter d’accompagner le mouvement. C’est au contraire sa responsabilité de mettre en œuvre une politique permettant de faire grandir la France et l’ensemble des Français. Il n’y a pas de sens à transformer la France si cette mutation n’aboutit qu’à nous ramener au XIXème siècle en matière de droit et de protection des salariés, et si elle creuse, au sein même du pays, le fossé entre riches et pauvres.

C’est l’enjeu de notre génération de mettre l’économie du XXIème siècle, l’économie du digital et l’économie des robots, au service de l’homme et de son développement. Il en va de même de la politique anti-terroriste ou de la politique européenne, qui doivent pour seul but de servir le bien et le progrès commun. 

Nous le sentions bien. Nous sommes à une époque très particulière, à un moment où nos démocraties, qui n’ont jamais été aussi abouties, sont aussi immensément fragiles. Les situations américaines ou britanniques sont là pour en témoigner. Mais la France n’est pas passée loin non plus et il serait inconséquent de considérer la menace écartée. Le risque est encore accru par les manipulations et les atteintes aux libertés fondamentales que rendent possible les nouvelles technologies. Le fait que l’exécutif américain ait pu demander à Facebook des informations sur ses opposants politiques montre l’ampleur de la menace. 

Le destin de la France, de l’Europe et de l’humanité seront ce que nous en ferons. Il nous revient de donner un sens et une direction à un monde qui en manque tant. Nous devons affronter sa violence, son injustice et ses risques. Nous devons y faire face non en nous divisant, mais en nous unissant en citoyens libres, acceptant la responsabilité de laisser la France plus forte, plus belle, plus prospère et plus pacifique que nous l’avons trouvée. 

Ensemble, nous pouvons relever ce défi. Ensemble, nous allons réussir ! 

Bon week-end à tous 

François Vigne 

Président de la France en marche  

 

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