Même étriquée, la victoire d’Angela Merkel aux élections législatives allemandes offre à la France une opportunité historique. Dans nos deux pays, l’exécutif, une fois la majorité allemande constituée, va disposer du temps nécessaire pour mener à bien la refondation de l’Union européenne dans le meilleur intérêt de ses peuples, à commencer par le nôtre.

Cette opportunité, nous ne devons pas la manquer. Cela suppose de passer des paroles aux actes. Car l’Europe a plus besoin d’action que de discours !

Le résultat de l’élection législative allemande confirme que rien n’est gagné. Et l’étroitesse de la base électorale d’Emmanuel Macron, après prise en compte de l’abstention et des votes blancs, impose la modestie à l’exécutif français.

L’Europe ne se fera pas contre ses peuples. Pour faire durablement sortir l’Union de l’ornière, c’est eux qu’il faut maintenant convaincre.

A 67 ans de distance, les paroles de Robert Schuman restent d’une profonde actualité. « L’Europe ne se fera pas d’un coup, ni dans une construction d’ensemble (…). Elle se fera par des réalisations concrètes créant d’abord une solidarité de fait. L’action entreprise doit toucher au premier chef la France et l’Allemagne. » C’est la responsabilité du gouvernement français de proposer d’agir sur des points limités, mais décisifs au lieu de discourir.

Loin de nous enfermer dans des schémas du passé, nous devons en tirer l’ensemble des enseignements, tout en leur donnant une nouvelle actualité et une perspective claire. C’est parce que nos dirigeants ont refusé de le faire pendant plus de vingt ans que nous sommes arrivés là où nous en sommes aujourd’hui.

Cette perspective que nous devons dessiner, ce n’est pas l’Europe-nation contrairement aux désirs de certains éditorialistes. Car nos États-nations ont été bâtis en d’autres temps et à la force de l’épée ou du canon.

Plutôt que d’inquiéter les peuples avec des notions de souveraineté ou de nation européenne qui ne correspondent à rien, nous devons les rassurer. La vocation de l’Union n’est pas de remplacer la France, l’Allemagne, l’Italie ou l’Espagne ou n’importe quel autre des 27, mais de leur permettre de rassembler leurs forces pour établir une paix durable et assurer le rayonnement et la prospérité de leurs peuples. Là est le défi.

Ce n’est pas en ajoutant de nouvelles strates administratives et institutionnelles (ministre des Finances, parlement de la zone euro, etc.) ou en revenant inlassablement sur des thèmes éculés (Europe de cette défense, budget de la zone euro, etc.) que nous y parviendrons.

Nous devons au contraire simplifier l’organisation comme le fonctionnement de l’Union et répondre aux attentes des citoyens des États qui la constituent en matière de protection des frontières, de défense coordonnée face au terrorisme islamiste ou, par exemple, de protection des données personnelles face aux GAFA. Il faut aussi redonner goût à l’Europe en développant de nouveaux projets proches de la vie quotidienne des habitants de l’Union, comme l’Europe de la santé ou celle de la formation.

Ainsi, pourrons-nous réconcilier l’Europe avec ses peuples et leur permettre, le moment venu, de décider d’unir plus fortement leur destin. Nous n’en sommes pas là ! Dans l’immédiat, c’est parce que nous aurons su clarifier, innover et agir que nous donnerons un avenir à l’Europe.

lfm_2016