Chers Amis,

Il faut souhaiter que la réunion entre Edouard Philippe et les syndicats de la SNCF lundi prochain permette enfin d’avancer. La grève a trop duré. Elle empoisonne la vie de beaucoup de Français et freine l’activité économique. Surtout, il est urgent de sortir de l’approche fondamentalement étatiste et centralisatrice consistant à penser que l’on peut tout réformer tout de suite, de façon pyramidale et sans discussion préalable.

Comme l’a montré l’histoire des conflits sociaux dans notre pays depuis deux siècles au moins, négocier bloc contre bloc, en clivant et divisant, ne mène nulle part. La France ne s’est toujours pas remise de la révolte des Canuts, du conflit des mineurs de Carmaux et de celui 1948, ou des grèves de 1995.

Une réforme, pour être acceptée, doit être préparée en amont par un processus efficace de négociation. Emmanuel Macron et son gouvernement ont commis l’erreur d’avoir attendu trop longtemps pour lancer les consultations autour de l’actuelle réforme de la SNCF. Vu l’ampleur et la sensibilité du chantier, il aurait fallu les entamer dès l’été 2017, et non au dernier moment.

Décréter que, du jour au lendemain, les cheminots perdront leurs avantages acquis en les accusant d’être des privilégiés, c’est créer les conditions du blocage et alimenter des résistances aiguës, surtout quand l’exécutif se garde bien de toucher en parallèle aux avantages des fonctionnaires.

J’ai rencontré, il y a quelques jours, des conducteurs, des personnels roulants et sédentaires, puis des cadres supérieurs de la SNCF. J’ai vu, chez tous, les mêmes meurtrissures, un terrible sentiment d’humiliation, la reconnaissance partagée qu’une transformation est nécessaire, mais qu’ils ne sont pas les privilégiés que l’on prétend, qu’ils font de leur mieux pour assurer le meilleur service aux usagers et aux clients avec les moyens dont ils disposent et que, si des responsabilités doivent être trouvées, elles sont d’abord les chercher chez les gouvernants qui se sont succédé depuis 37 ans et chez les dirigeants indéboulonnables de la SNCF.

Il est urgent de changer de méthode si nous voulons vraiment transformer notre pays pour lui permettre d’aller plus loin. C’est d’autant plus nécessaire que la vraie réforme, celle dont tout procède, celle qui permettra de redresser durablement la France, celle qui est absolument nécessaire comme l’ont montré les émeutes de lundi, la réforme de l’Etat, reste à faire. Pour la gagner, il faudra discuter, il faudra négocier, il faudra dessiner de véritables perspectives et il faudra convaincre.

Le drame de notre nation depuis trop longtemps, c’est d’avoir des présidents de la République auxquels moins de 40% des citoyens font confiance et dont 60% ne veulent pas la réélection un an seulement après le début de leur mandat. 81% des Français jugent aujourd’hui que le quinquennat d’Emmanuel Macron n’améliorera pas leur situation personnelle. C’est un vrai problème, porteur de risques profonds pour notre démocratie.

On ne réunira pas les Français en jouant de leurs divisions ou en les montant les contre les autres, pas plus d’ailleurs qu’on ne les rendra plus européens en peignant l’Union en « vieux continent de petits-bourgeois se sentant à l’abri dans le confort matériel entre dans une nouvelle aventure », comme vient de le déclarer Emmanuel Macron à la Nouvelle Revue française.

La défaite de Nicolas Sarkozy l’a démontré en 2012. Gouverner en clivant est voué à l’échec et expose à un retour en arrière sur les avancées réalisées. La France mérite mieux que de vivre, dans quatre ans, le retour d’un équivalent Hollande !

Le vrai enjeu est là ! Il faut rassembler les Français autour d’un projet partagé et ne pas leur donner le sentiment que la politique est injuste ou déséquilibrée.

Il n’y a pas, ou il ne doit plus y avoir, de France des cheminots contre France des entrepreneurs ou des salariés, de France des métropoles contre France des campagnes, de France des premiers de cordée contre France des oubliés. Il y a la France, avec son peuple, avec son histoire, avec ses traditions, avec son potentiel exceptionnel, la France éternelle, qui a un grand passé, mais qui peut surtout avoir un immense avenir si nous le décidons.

Le destin de la France sera ce que nous en ferons. C’est à nous tous qu’il revient de démontrer que nous ne sommes pas un vieux pays « de petits-bourgeois se sentant à l’abri dans le confort matériel », mais que nous sommes au contraire déterminés à travailler et à nous battre pour bâtir la France et le monde que nous voulons, une France et un monde meilleurs. Ensemble, nous réussirons !

Bon week-end à tous

François Vigne

Président de la France en marche

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