Chers Amis,

Plutôt qu’au discours du général de Gaulle du 4 octobre 1958, Emmanuel Macron aurait dû se référer hier, pour le 60ème anniversaire de la Constitution, à son Appel du 18 juin 1940 et à son discours de Bayeux du 16 juin 1946, où il pointait l’immense responsabilité des gouvernants dans la défaite de 1940 et rappelait que « le trouble dans l’État a pour conséquence inéluctable la désaffection des citoyens à l’égard des institutions ».

Cette trahison des chefs, ce trouble dans l’Etat, c’est ce que la France vit aujourd’hui, lorsque l’ex-ministre de l’Intérieur, à la suite d’autres membres du gouvernement, fait le choix de ses intérêts personnels contre ceux du pays et lorsque le chef de l’Etat et son Premier ministre se montrent incapables de gérer la crise gouvernementale.

Comme tous les Français, j’ai eu honte lundi en voyant le président actuel s’afficher sur une photo humiliante pour sa fonction, comme j’avais eu honte de François Hollande en janvier 2014 lors de l’affaire du scooter. Comme tous les Français, j’ai acquiescé en entendant Gérard Collomb mercredi, lors de la passation de pouvoir lancer l’alerte sur les quartiers perdus de la République et avouer sa peur que « nous vivions face à face » demain.

Mais, comme tous les Français aussi, je n’ai pu comprendre que le ministre de l’Intérieur abandonne le navire après avoir effectué un tel constat, et avoir si peu fait depuis 18 mois, comme je ne peux comprendre que le gouvernement persiste dans l’immobilisme, ainsi que le montrent les évènements des 10 derniers jours à Garges-Lès-Gonesse, Evry, Grenoble et ailleurs.

Comment s’étonner, dans ces conditions, que moins de 30% des Français accordent leur confiance au chef de l’Etat, comment s’étonner que seulement 21% d’entre eux considèrent l’exécutif actuel apte à assurer leur sécurité et comment s’étonner que 70% jugent Emmanuel Macron désormais incapable de faire progresser l’Europe !

Je ne crois pas qu’il y ait de fatalité à cette perte de confiance totale de notre peuple dans ses dirigeants moins d’un an après leur élection. Mais je sais aussi qu’il n’y aura de retour durable à la confiance que si les futurs gouvernants de la France ont pour seule obsession le service de ses intérêts et la transformation en profondeur de l’Etat.

Cette volonté de servir et de s’attaquer vraiment à ce qui ne fonctionne plus au cœur même de nos institutions et de notre appareil administratif fait défaut aujourd’hui. C’est parce qu’elle a manqué depuis trop longtemps que nos comptes publics sont dans une situation aussi dégradée. C’est pour la même raison que la production industrielle a chuté de 3% en France entre 2000 et 2016, alors qu’elle progressait de 25% en Allemagne. Et c’est aussi pour cela que notre système de santé n’est plus qu’à la cinquième place européenne.

Nous gagnerons demain parce que nous aurons, chevillée au corps, la volonté de nous attaquer à l’essentiel en mettant un terme au choix de la facilité et de la communication. Il serait plus confortable de nous occuper de notre carrière, de nos affaires et de nos loisirs en nous contentant de nous désoler pour notre pays. Mais, si nous ne faisons rien, notre génération laissera le souvenir d’hommes et de femmes qui, en mauvais héritiers, auront beaucoup consommé, mais si peu laissé aux générations futures.

Nous pouvons et nous devons faire mieux ! Nous en avons le potentiel et c’est ce à quoi nous vous appelons avec toute notre équipe et ceux qui nous soutiennent. Ensemble, relevons sans peur les défis de notre époque et bâtissons une France et une Europe meilleures !

Je veux enfin, au lendemain de l’hommage national et en ce jour de son enterrement, rendre hommage à ce très grand artiste qu’était Charles Aznavour. Il a beaucoup apporté à la France, à sa grandeur et à nous tous. Cet immense Français était aussi un fils de migrants. Nous ne devons pas l’oublier. Il est clair qu’à l’époque, les dirigeants de la France, son corps enseignant et sa population n’avaient pas honte de vouloir intégrer. Aujourd’hui, c’est cette même capacité d’intégration que nous devons retrouver. L’exemple de Charles Aznavour nous oblige !

Bon week-end à tous

François Vigne

Président de la France en marche

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