Chers Amis,

La fuite en avant ne peut tenir lieu de politique. C’est le vrai danger du moment. La tentation est grande pour Emmanuel Macron de sauter du Grand débat aux élections européennes sans avoir réglé aucun des grands problèmes que la France doit affronter. Le lâche attentat de la prison de Condé-sur-Sarthe vient pourtant de nous rappeler qu’ils sont bien là. Remettre l’action à demain en se contentant de discourir serait une faute. C’est maintenant qu’il faut agir !

Il faut se réjouir que le président de la République cherche à retrouver un certain leadership européen après deux années d’échec qui ont vu notre pays de plus en plus isolé au sein de l’Union. De ce point de vue, la tribune qu’il a publiée mardi va dans le bon sens. Son contenu rend plus sceptique.

Comme l’ont noté tous les experts et la minorité de Français qui l’a lue, le chef de l’Etat y propose différents dispositifs qui existent déjà. Il promeut, en guise de mesures concrètes, la création de plusieurs nouvelles agences ou entités bureaucratiques comme une Agence européenne de protection des démocraties, une Banque européenne du climat, une Conférence pour l’Europe, etc., alors que l’Union a d’abord besoin de plus d’efficacité.

Surtout, la tribune élyséenne témoigne d’une mauvaise interprétation du principe de subsidiarité qui doit animer la construction européenne. Vouloir le succès de l’Union est bien, mais avons-nous vraiment besoin qu’elle nous fournisse des « experts européens pour protéger notre processus électoral contre les cyber attaques et les manipulations » ? Poser la question, c’est déjà y répondre. C’est d’abord et principalement à l’échelon national que nous devons nous doter de tels experts, tout en mettant en place les échanges d’informations et les forums de rencontre nécessaires entre experts des pays de l’Union.

Cela suppose aussi de commencer par faire le ménage chez nous, alors que l’audition d’Ismaël Émelien, si proche conseiller du chef de l’exécutif, vient de confirmer que les manipulations sur Internet ou Twitter, loin d’être l’apanage des puissances étrangères, venaient du cœur même du pouvoir, au sein de l’Elysée. Ce sont des pratiques qu’il faut bannir et sur lesquelles Emmanuel Macron doit la vérité aux Français.

Pour permettre à l’Europe de repartir de l’avant et ne plus décevoir les peuples, il est essentiel que nos dirigeants arrêtent de lui demander ce qu’elle ne peut pas faire et de lui attribuer la responsabilité de leurs propres fautes et insuffisances. Rien ne sert d’enjoindre à l’Union de protéger notre continent, comme le fait Emmanuel Macron dans sa missive, si nous ne prenons pas les moyens de mieux assurer paix et sécurité au sein de chacune de nos nations.

L’attentant de la prison de Condé-sur-Sarthe et les nouvelles émeutes de Grenoble ont encore rappelé cette semaine que le gouvernement n’a pas pris toute la mesure du danger islamiste, ni de celui des zones de non-droit et qu’il n’a pas non plus mis en œuvre l’ensemble des moyens nécessaires pour les éradiquer. Il y a urgence à agir sur ces deux fronts, qui sont intrinsèquement liés. Le manque et la lenteur de réaction de l’exécutif en la matière sont aussi inquiétants qu’inadmissibles.

Tout aussi inadmissible est son silence, ainsi que celle du parti présidentiel, face aux propos ridicules d’Adrien Taché assimilant le serre-tête d’une petite catholique et le voile islamique, après les déclarations de Marlène Schiappa sur la convergence entre les terroristes islamistes et les manifestants de la Manif pour tous. Leur mutisme sur le sujet tranche avec les réactions courroucées et la mise en garde adressée à la députée LRM Agnès Thill après ses prises de position anti-PMA. Cela démontre une nouvelle fois que derrière les discours et les pétitions de principe, ce sont d’abord le clientélisme et les intérêts électoralistes qui continuent à guider le pouvoir en place.

Ce qui vient d’être développé sur la lutte contre le terrorisme islamiste et l’islamisme plus généralement vaut aussi en matière économique et pour le redressement des finances publiques. La dégradation des perspectives de l’OCDE confirme de nouveau l’urgence d’agir. Nous devons nous hâter de rétablir nos grands équilibres avant que l’orage n’éclate. C’est pour cela qu’il faut sans délai mettre un terme à la paralysie du pouvoir depuis l’été dernier et l’éclatement de l’affaire Benalla.

Je le crois profondément. Nous ne résoudrons la grave crise démocratique actuelle et la défiance des peuples que par l’action et les résultats, une action inspirée par la seule volonté de servir le succès et la grandeur de notre nation, ainsi que le progrès social auquel aspire ardemment notre peuple, un progrès social qui ne laisse place à aucune jalousie, mais soit fondé sur la seule volonté de progresser ensemble, sans abandonner personne sur le bord du chemin.

Ensemble, construisons une France et une Europe meilleures !

En ce lendemain du 8 mars, je vous souhaite à toutes et à tous un excellent week-end, avec une pensée très particulière pour toutes les femmes qui œuvrent au quotidien pour rendre nos jours et notre pays plus beaux.

Amicalement

François Vigne

Président de la France en marche

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