Emmanuel Macron a enfin parlé. Il s’est justement excusé pour les blessures que ses paroles ont causées auprès d’un grand nombre de Français. Il a également annoncé un changement du mode de présidence qu’il avait adopté depuis son élection et le renoncement au pouvoir vertical qu’il avait théorisé. Tout ceci était indispensable et il est heureux que le chef de l’Etat l’ait compris.
Le président a par ailleurs annoncé différentes mesures d’augmentation du pouvoir d’achat, dont les modalités d’application et le financement restent à préciser. Certaines reviennent sur des mesures injustes, comme la vive augmentation de la CSG pour les retraités ou la fiscalisation des heures supplémentaires. D’autres ont été décidées pour tenter de calmer la révolte populaire, dont l’arrogance présidentielle et la lenteur à réagir ont été les principales causes.
Le coût direct annoncé approche les 12 milliards d’euros, ce qui va remettre en cause la trajectoire budgétaire annoncée, ainsi que nos engagements vis-à-vis de nos partenaires européens, et accroître la dette publique nationale au détriment de nos enfants et de nos petits-enfants. Le coût de cette crise, auquel il faut ajouter celui des destructions massives des casseurs, des pertes d’activité, ainsi que des moindres rentrées fiscales, est colossal. Comme toujours, ce sont les plus vulnérables qui en paieront le prix le plus élevé en pertes d’emplois ou de moindre croissance future. Les erreurs présidentielles fragilisent également l’Union européenne et mettent de l’eau au moulin de ses détracteurs six mois avant l’élection. La menace déflagratrice reste donc réelle.
Dans ces circonstances, notre responsabilité est de de tout faire pour que la crise actuelle ne se prolonge pas et de donner toute sa chance à l’ouverture présidentielle. Il faut savoir terminer un mouvement. Ce temps est venu. Il nous revient maintenant d’avancer sur ce fondement fragile, tout en maintenant sur l’exécutif la pression nécessaire pour qu’il délivre ses promesses.
La sérénité revenant, il nous faut aussi préparer la suite. La crise des Gilets jaunes a profondément affaibli, en France d’abord, à l’étranger ensuite, l’autorité du président de la République et de l’Etat tout ancien. Les mesures annoncées sont par ailleurs en rupture avec le programme d’Emmanuel Macron. Il est clair pour tous aujourd’hui que la France n’a plus de cap.
Il sera difficile pour le chef de l’Etat, avec à peine plus de 20% de taux de confiance, de remonter la pente. Il ne faut pas souhaiter que la France perde trois années et demi de plus. C’est pour cela que nous devons préparer sans plus tarder un nouveau projet permettant à la France toute entière, avec tous les Français, de repartir de l’avant et d’affronter les défis qui sont les nôtres.
Nous en avons les moyens à condition d’agir ensemble, en peuple uni, et mû par les seules obsessions du succès de la France et du bien commun. Là est la route, là est le chemin !