En pleine crise catalane, huit jours après la victoire électorale de Sebastian Kurz en Autriche, le succès de l’Action des citoyens mécontents (ANO) d’Andrej Babis et le oui massif aux référendums consultatifs sur l’autonomie en Lombardie et en Vénétie hier confirment l’urgence d’agir avant qu’il ne soit trop tard.

L’Europe de 2017 reste marquée par la triple crise économique de 2008, du terrorisme islamique et des migrants. Face à l’échec de l’Union dans ces trois cas, la tentation du repli sur soi et le régionalisme est extrêmement forte. Contrairement à ce qu’avaient voulu croire des courtisans en panne d’esprit critique, l’élection d’Emmanuel Macron ne s’est pas accompagnée d’un sursaut européen des peuples. Fruit d’un concours de circonstances, elle reste un épisode national qui n’a pu inverser une tendance lourde au détricotage de l’Union.

Celle-ci n’est pas condamnée si nous nous décidons maintenant à agir efficacement et à lui donner une perspective claire et rassembleuse. Mais, ni la souveraineté européenne, ni l’Europe à plusieurs vitesses défendues par Emmanuel Macron dans son discours de la Sorbonne du 26 septembre ne sont la solution.

Comme le montrent les référendums catalans, lombards ou vénitiens, comme l’illustre aussi l’immobilisme bureaucratique communautaire sur beaucoup de sujets, les citoyens de l’Union ont moins besoin d’un super-Etat souverain européen, dont tous les Etats membres deviendraient des vassaux, que de plus de subsidiarité. Il faut, dès que cela est possible, et sans se priver des possibilités de mutualisation de moyens, assurer le pouvoir au plus près du terrain pour renforcer son efficacité et sa légitimité.

Nous devons, dans le même temps, renforcer la volonté des peuples de l’Union de vivre ensemble et de partager un avenir commun. Cela implique de développer une nouvelle communauté de projet sur des sujets clefs, proches de la vie de tous les citoyens, comme la sécurité, santé, l’éducation, la formation ou la protection des libertés fondamentales face aux nouvelles menaces nées de la manipulation des outils digitaux.

Dans cette perspective, l’Europe des cercles,  ne va pas dans le bon sens. Elle participe au contraire de ce mouvement de dissolution qui menace aujourd’hui l’Union, mais aussi les Etats-nations au profit d’un régionalisme individualiste. Car l’Europe ne souffre pas aujourd’hui d’avoir été trop solidaire, mais de ne pas l’avoir été assez pendant la crise économique ou celle des migrants sous l’inconduite de dirigeants dépassés.

Pour stopper cette spirale fatale, c’est maintenant qu’il faut agir en transformant en profondeur les structures bruxelloises pour les rendre efficaces, légitimes et moins coûteuses et en offrant à tous les peuples de l’Union une perspective ambitieuse et réaliste, claire et partagée. Ainsi pourrons-nous donner un nouveau souffle à l’Europe et faire fructifier l’héritage que nous avons reçu !

lfm_2016