En politique étrangère comme en politique intérieure, on cherche en vain la voix de la France.
Il faut ainsi regretter qu’après s’être ému du sort des chrétiens d’Irak, notre pays n’ait pas su aller plus loin. L’offensive de l’Etat islamique en Irak et au Levant menace notre sécurité et nos intérêts dans la région. Apporter le soutien de la France aux frappes aériennes ciblées décidées par les Etats-Unis et une aide humanitaire aux populations réfugiées n’est pas à la hauteur du rôle que nous revendiquons, ni de notre influence historique dans la région.
Il est clair que notre pays n’a pas aujourd’hui, avec ses engagements africains en cours, les moyens de conduire solitairement une action militaire victorieuse en Irak. Mais il nous revenait – et il nous revient toujours –  de mobiliser l’ensemble de l’Union européenne pour apporter une réponse forte, souveraine et unie. C’est l’intérêt de la France. C’est l’intérêt de l’Europe. C’est intérêt de l’Irak et de ses populations. C’est aussi l’intérêt de nos partenaires américains, qui ont moins besoin de vassaux que d’alliés forts et crédibles.
Sur le plan intérieur aussi, on aurait voulu entendre l’exécutif après l’annulation par le Conseil constitutionnel de son projet d’allègement des cotisations salariales. Le pacte de responsabilité est présenté par le chef de l’Etat depuis janvier comme la clef de voûte de la politique économique et budgétaire du gouvernement. La censure d’une de ses mesures clefs, pour « méconnaissance du principe d’égalité », aurait mérité une explication claire du sommet de l’Etat sur ses conséquences et les moyens d’y remédier, alors même que les dernières statistiques et celles à venir cette semaine annoncent de sombres perspectives pour l’économie française.
Ce ne sont la que deux exemples, mais ils sont emblématiques de la dérive du pouvoir en place depuis deux ans.
Où allons-nous ? Quels sont le plan d’ensemble et le projet ? C’est cette vision et ces réponses que les Français attendent du président de la République et de son gouvernement.
Ils ne leur demandent pas de saturer l’espace médiatique lors des catastrophes aériennes et de prendre la place des spécialistes. Ils ne leurs demandent pas plus de se comporter en ronds de cuir et de renoncer à toutes vacances en restant près de Paris… Les congés du Général de Gaulle, de Georges Pompidou ou d’Angela Merkel n’ont jamais porté atteinte à leur légitimité !
Ce que les Français demandent à leurs gouvernants, c’est d’exercer le pouvoir au lieu de se borner à en jouer la comédie. C’est d’agir au lieu de se contenter de compatir. C’est de décider des éléments en leur pouvoir au lieu de commenter des évènements face auxquels ils sont impuissants. C’est de fuir la futilité du quotidien pour prendre de la hauteur et pour conduire le pays sur la route de l’avenir malgré les écueils et les obstacles.
Comme indiqué la semaine dernière, quatre mots doivent fonder l’action présidentielle et gouvernementale : prévoir, décider, agir et réussir. C’est à ce prix que la France pourra connaître la résurrection que son peuple attend. L’intensité des périls actuels rend urgent cette révolution dans l’exercice du pouvoir !

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