Après le FMI, ce sont l’OCDE et le gouverneur de la banque centrale chinoise qui ont, il y a quelques jours, alerté sur les risques que l’excès de dettes publiques et privées fait courir à l’économie publique. L’assainissement est indispensable. La France doit y prendre toute sa part en amorçant enfin la décrue de sa dette publique.

Elle ne sera possible que si le déficit budgétaire passe enfin sous le niveau de la croissance. Contrairement à ce que semblent penser les dirigeants politiques qui se succèdent à la tête de notre pays depuis plus 36 ans, la règle européenne des 3% de déficit budgétaire ne constitue ni un objectif, ni un plancher, mais un plafond !  En la matière, Emmanuel Macron ne se distingue en rien de ses quatre prédécesseurs… C’est pourtant là qu’il devrait porter tous ses efforts !

Comme l’ont successivement pointé le Haut Conseil de Finances Publiques et la Commission européenne, l’ajustement structurel prévu au projet de budget de la France pour 2018 est très faible avec une baisse du déficit structurel de seulement 0,1 point en 2018, bien loin du 0,5 point réclamé par les Traités européens. Selon les calculs de Bruxelles comme d’ailleurs de la Cour des comptes, le risque est réel que notre déficit structurel continue de croître l’an prochain. C’est ce qui vaut à la France d’être toujours sous le coup d’une « procédure de déficit excessif » et de faire encore partie des six plus mauvais élèves de l’Union…

Le week-end dernier, c’est The Economist qui, après avoir encensé Emmanuel Macron depuis son élection, a été gagné par le doute. Le constat est clair : la promesse électorale de suppression de 120 000 emplois publics sur la durée du quinquennat n’a eu aucune traduction dans le budget 2018. Quant au rythme des privatisations, il ne dépasse pas celui du quinquennat précédent. Dans ces conditions, le journal britannique a appelé l’exécutif français à agir avant qu’il ne soit trop tard !

Toutes les conditions sont aujourd’hui réunies pour permettre la réduction des dépenses publiques de l’Etat. La croissance devrait de nouveau atteindre 1,8% en 2018, ce qui devrait permettre aux recettes fiscales, toutes choses égales par ailleurs, comme c’est le cas pour la TVA. La remontée des taux d’intérêt s’annonce lente. Et les Français ont montré, avec les ordonnances travail, qu’ils reconnaissaient au chef de l’Etat la légitimité des urnes pour mener à bien les transformations nécessaires. Ne manque plus, au sommet de l’exécutif, que la volonté d’agir.

Il est certes plus facile, pour l’Etat, de continuer à mettre la pression sur les finances locales ou d’imposer de nouvelles réformes au secteur privé qui, exposé aux vents de la concurrence, n’attend pas l’aiguillon public pour se transformer en permanence, que de balayer devant sa porte ! Mais cela ne permettra pas de résoudre le problème de fond du déficit budgétaire et de l’explosion de la dette publique.

Il s’agit aujourd’hui, pour l’administration, de faire mieux avec moins, en rendant aux fonctions régaliennes les moyens de leur action et en mettant un terme aux gaspillages et aux dépenses inutiles. Plus fondamentalement, il est temps de remettre à plat l’ensemble du système public et de faire le tri entre les activités devenues obsolètes, celles qu’il faut restructurer en exploitant tous les bénéfices de la révolution digitale, d’autres dont il faut au contraire renforcer les moyens et les nouvelles dont a besoin l’Etat français pour répondre aux défis du XXIème siècle. Tout un quinquennat n’y suffira pas. C’est pour cela qu’il n’y a plus une minute à perdre et qu’il est profondément dommage d’avoir déjà perdu sept mois.

L’heure est venue d’agir hardiment pour poser les fondements d’une prospérité durable en réduisant notre déficit budgétaire et le stock de notre endettement. C’est notre responsabilité commune de ne pas laisser à nos enfants une dette qu’ils ne pourront pas payer. Avec celle dont nous avons hérité et les défis à long terme que nous devons relever, il n’a jamais été aussi important qu’aujourd’hui de faire tout le nécessaire pour réduire le déficit budgétaire pendant que notre économie se redresse. L’urgence est là !

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