Le regain de mobilisation pour l’acte VIII de samedi dernier en atteste. La crise des Gilets jaunes n’est pas terminée.
Il est désormais confirmé que les annonces présidentielles n’ont pas répondu aux revendications des manifestants. Comme la majorité des Français, ils n’ont pas non plus été convaincus par ses vœux du 31 décembre.
Il a manqué aux mesures présentées par Emmanuel Macron, malgré le coût de plus de dix milliards qu’elles représentent pour l’économie nationale, d’être portées par un grand dessein national et par une vision renouvelée du chef de l’Etat. Au contraire, les finasseries technocratiques qui les ont accompagnées ont donné le sentiment que le pouvoir tentait de reprendre d’une main ce qu’il venait de donner de l’autre. De même, les ambiguïtés du Grand débat et les limites déjà posées par l’exécutif augurent mal aux yeux des Français de sa sincérité.
Surtout, quand le président affirme, comme il l’a fait le. 31 décembre, qu’il entend maintenir le cap, il ne peut qu’irriter les Gilets jaunes et la majorité des Français. D’une part parce que la politique menée depuis plus de 18 mois a échoué, comme en témoignent les mauvais chiffres de la croissance, du chômage, du commerce extérieur ou des finances publiques, et qu’elle n’a plus le soutien que d’une petite minorité des Français.
D’autre part et plus fondamentalement encore parce que ces derniers cherchent encore ce prétendu cap, qui n’existe jusqu’à présent que dans les discours. Prétendre réformer n’est pas un cap. C’est la finalité des réformes et la vision qui les fondent qui constituent le cap véritable, celui qui a manqué depuis le 7 mai 2017. Il est temps d’en fixer un qui corresponde à l’intérêt de la France et de tous les Français.
Il ne faut pas le cacher. Emmanuel Macron est devenu le véritable problème, avec ceux de ses ministres ou courtisans, comme Christophe Castaner ou Benjamin Griveaux, qui ont singé son comportement ou repris ses petites phrases inutilement blessantes et adopté la même arrogance qui irrite tant de nos concitoyens. Du fait de ses erreurs et de sa maladresse, du retard aussi mis à prendre conscience de la gravité de la crise et à y repeindre, le départ du président est devenu la première revendications de beaucoup de Giles jaunes. Ils sont nombreux à être prêts à poursuivre le combat tant qu’ils n’auront pas obtenu satisfaction.
Il est urgent de sortir de l’impasse avant que la situation ne se dégrade encore plus et ne tourne à l’affrontement entre Gilets jaunes et l’ensemble de ceux qui, au sein des Français,, réclament tout aussi légitimement à pouvoir travailler, faire leurs courses et vivre sans subir de nouvelles violences.
Cela suppose que l’exécutif, à commencer par son premier responsable, fasse amende honorable, adopte le comportement humble qui convient et sorte de ses postures pour se mettre vraiment au service de la France et de tous les Français.
Il faut aussi que le président et son équipe renoncent aux tentations politiciennes, desquelles notre pays a tout à perdre. Doubler les élections européennes d’un referendum à choix multiples le même jour serait un mauvais coup porté à notre démocratie et à l’Union. Cette dernière n’a rien à gagner à un tel exercice qui viendrait polluer la campagne électorale et le comportement des électeurs, en ne focalisant leur intérêt que sur les sujets nationaux.
Pour retrouver la légitimité indispensable, fortement écornée par l’incapacité du pouvoir à trouver la bonne réponse aux revendications de la population et à assurer l’ordre public, comme la protection de notre patrimoine national, à commencer par l’Arc de Triomphe, il convient également que le président de la République fasse preuve de l’empathie nécessaire et qu’il se sépare des membres de son gouvernement qui n’ont pas été à la hauteur de la situation, à commencer par le ministre de l’Intérieur.
Il faut enfin que le pouvoir implique, de façon décisive et essentielle, les corps intermédiaires, sans donner l’impression qu’il se contente de les utiliser. C’est avec eux et grâce à eux que nos gouvernants actuels pourront sortir de la crise actuelle et trouver les mots, ainsi que les mesures, permettant de retrouver le soutien des Français.
L’urgence est là. C’est maintenant la responsabilité du président de la République d’agir enfin !