Malgré ses 57% de dépenses publiques, la France souffre d’un redoutable sous-investissement public. L’état de nos commissariats, de nos tribunaux, de nos matériels militaires ou de notre parc nucléaire en témoigne au quotidien.

Au lieu de servir à préparer l’avenir, la hausse accélérée des dépenses publiques depuis 1981 s’est accompagnée d’une augmentation plus que proportionnelle des frais de fonctionnement. Et l’exercice imposé de maîtrise des dépenses publiques en cours, notamment au niveau des collectivités locales, s’accompagne de nouvelles coupes dans les investissements, les décideurs politiques préférant cette facilité aux efforts qu’implique la réduction des dépenses de fonctionnement, frais de personnel tout particulièrement.

La Cour des Comptes a dénoncé cette situation en pointant la baisse moyenne de 15% des dépenses d’équipements attendue d’une vingtaine des 33 villes de plus de 100 000 habitants étudiées dans son rapport et, plus généralement, l’insuffisante maîtrise des dépenses de fonctionnement.

La situation risque d’être plus difficile encore dans les prochaines années avec la remontée inévitable des taux d’intérêts et l’augmentation accélérée des dépenses d’investissements qu’imposera le retard pris depuis trop longtemps.

Pour répondre à ce défi, il est urgent d’entreprendre une politique volontariste de réduction des frais de fonctionnement du secteur public, en profitant en particulier des gisements d’économies qu’offre la révolution digitale pour toutes les tâches administratives et en réduisant activement le nombre de strates qui composent notre édifice politique et administratif.

Nous devons aussi mettre tout en œuvre pour libérer les freins à la croissance, à commencer par l’excès de dépenses publiques, qui reste la meilleure façon de redonner de nouvelles marges de manœuvre à l’Etat.

Il faut par ailleurs, pour stopper les dérives actuelles, imposer à l’ensemble des opérateurs publics, de l’Etat aux collectivités en passant par les entreprises du secteur public, de nouveaux seuils contraignants assurant qu’ils ne privilégient pas le court terme au long terme, le fonctionnement sur l’investissement.

Ainsi, s’agissant de la défense, les dépenses d’achat de nouveaux matériels ne pourraient-elles représenter moins de 20% du budget total, règle recommandée par l’OTAN et que respectent les États-Unis, la Grande-Bretagne ou la Pologne pour ne citer qu’eux. De même, pour toute entreprise publique, aucun versement de dividende ne serait possible tant qu’elle n’aurait pas dépensé, en investissement, au moins autant que la moyenne des entreprises du secteur.

Il convient enfin de définir un plan global d’investissement public dotant la France les infrastructures nécessaires, pour les 50 prochaines années au moins, en matières énergétique, digitale, de transport, scolaire, de défense, de police et de justice, de santé ou de logement.

Depuis 35 ans, les dirigeants de la France ont sacrifié son avenir et celui de sa jeunesse en laissant filer la dette publique, en repoussant à plus tard la véritable réforme du système de retraites assurant son équilibre ainsi que sa pérennité et en sous investissant significativement.

L’heure est venue d’inverser la vapeur et d’investir pour l’avenir !

lfm_2016