Si les nationalistes l’ont largement emporté dimanche dernier, ils n’ont gagné que par forfait ! La très faible participation de 52,17% montre qu’il n’y a eu ni réel raz-de-marée, ni large soutien populaire. C’est parce que le parti présidentiel et que les Républicains ont choisi de renoncer à combattre que les autonomistes et les indépendantistes ont pu obtenir 45,36% des voix avec seulement 23,66% des suffrages…
Ni le président de la République, ni le Premier ministre n’ont fait le déplacement pendant la campagne. Et aucun membre clef du gouvernement n’a non plus jugé nécessaire de se rendre sur place.
Il est clair que l’Ile de Beauté ne possède pas aujourd’hui tous les atours de la start-up nation dont rêve le chef de l’Etat. Ce dernier juge plus conforme à son intérêt d’abandonner aux mains des autonomistes et des indépendantistes ses 234 000 électeurs et 325 000 habitants que de s’attaquer à leurs problèmes et de leur permettre de rejoindre le peloton des premiers de cordée nationaux dans le respect des spécificités locales.
Le fait que le président de la République se fende d’une tribune dans Le Figaro en hommage à l’immense écrivain qu’était Jean d’Ormesson, mais ne réagisse pas à la déroute électorale de la majorité présidentielle en Corse, reflète ses priorités. Il n’y a pas de doute que notre grand Français et talentueux écrivain aurait préféré un choix contraire. Car, la Corse, comme tous les territoires de la République, mérite mieux que le dédain ! Ce n’est pas parce que sa situation est complexe et que les défis à relever y sont nombreux que nous devons la passer par pertes et profits…
La politique actuelle de concentration jacobine des moyens publics sur les métropoles et d’abandon des territoires risque de nous mener dans le mur. L’impasse catalane ou les récents référendums en Lombardie et en Vénétie en attestent. Quand la République se met aux abonnés absents et que les pouvoirs centraux oublient les principes de solidarité et d’unité qui font une nation, les particularismes s’exacerbent et les populations finissent toujours par se venger.
Plus que de « l’autonomie encadrée » qu’évoque Matignon ou de la nomination d’un énième délégué interministériel, M. ou Mme Corse à laquelle réfléchit l’Elysée, la Corse a aujourd’hui besoin qu’on s’occupe d’elle, au plus haut niveau, et que la nécessaire subsidiarité ne serve pas d’alibi pour l’abandonner à ses difficultés ou à ses démons. C’est cela aussi, faire nation et se montrer digne de tous ceux qui ont fait la France !