Les dirigeants européens voudraient tuer l’Europe qu’ils ne s’y prendraient pas autrement. L’arrogance technocratique qu’ils témoignent aux nouveaux responsables légitimement élus par peuple grec depuis les élections du 25 janvier 2015 est la négation même des principes de respect des souverainetés nationales et de solidarité qui fondent l’Union.

La nécessaire théâtralisation du rapport de force dans une négociation ne justifie pas tout. L’exigence du paiement des dettes est importante. Mais n’érigeons pas en principe moral ce qui ne l’est pas. Le surendettement n’est jamais la seule faute du surendetté. Il résulte aussi du manque de vigilance du ou des prêteur(s). Le tyrannicide peut être légitime quand le pouvoir souverain sombre dans la tyrannie. Le detticide peut aussi le devenir quand la charge de la dette est insupportable

Différentes solutions sont envisageables pour régler le problème du surendettement grec. Les obligations de performance proposées par les nouveaux dirigeants hellènes en font partie. On peut aussi imaginer des remises de dette gagées sur la réalisation des réformes de structure dont la Grèce a besoin.

Après cinq ans de crise, il est temps de passer des postures dogmatiques à une approche pragmatique permettant d’assurer le relèvement de la Grèce et la reprise de l’Europe entière. Nous savons tous à quoi on conduit les slogans réducteurs de 1918 : « l’Allemagne paiera » !

L’intérêt bien compris de tous les Français est d’assurer le maintien de la Grèce dans la zone euro et de la doter des moyens de la sortie de crise. Nous ne tirerons aucun bénéfice d’une sortie de la république hellénique de la zone euro, ni d’une explosion de celle-ci.

En faisant fi de la volonté populaire, les dirigeants actuels de l’Union la condamnent. Car l’Europe n’aura pas d’avenir si elle ne retrouve pas le soutien des peuples qui la composent. L’Europe ne peut exister sans Européens. Il est urgent de le reconnaître et d’en tirer toutes les conséquences pour le fonctionnement et l’organisation de l’Union.

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