En choisissant d’ouvrir une crise avec la Pologne sur la modification de la directive sur les travailleurs détachés, Emmanuel Macron commet une triple erreur.
1) Il instrumentalise la question européenne pour servir sa communication nationale. Comme l’avait souligné le candidat Macron pendant sa campagne, « ce qui pose un problème, c’est le travail détaché illégal » et pas, ou beaucoup moins, la directive sur les travailleurs détachés. Sa première priorité devrait donc être de combattre la fraude et de mette en place les mécanismes communautaires pour rendre cette lutte efficace partout en Europe, plutôt que d’engager le fer avec nos partenaires d’Europe de l’Est. En médiatisant à l’extrême sa tournée pour la révision de la directive sur les travailleurs détachés, le chef de l’Etat donne au surplus raison à Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon, qui avaient fait du sujet l’un de leurs chevaux de bataille dans leur croisade anti-européenne.
2) Il pêche, comme en politique nationale, par égotisme et excès d’arrogance en choisissant d’agir seul, alors qu’il aurait été plus efficace et utile de pousser une initiative commune, avec notamment l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas, l’Italie, l’Autriche et tous les autres pays de l’Union le souhaitant. Il avait commis la même heure en n’associant aucun de nos grands alliés européens aux réceptions de Vladimir Poutine et de Donald Trump. Mais la diplomatie solitaire est vouée à l’échec, encore plus au sein de l’Union. C’est parce que nous saurons agir ensemble et fédérer que nous parviendrons à refonder l’Europe, gommer ses défauts et lui donner un nouveau souffle au service de l’avenir de la France.
3) Il fracture l’Union et antagonise la Pologne, qui est un allié historique de la France, au-delà des discours et des faiblesses des dirigeants actuels. Les peuples ont la mémoire longue. Comme l’écrivait le général de Gaulle, ce qu’il faut surtout pour la paix, c’est la compréhension des peuples. Les régimes, nous savons ce que c’est : des choses qui passent. Mais les peuples ne passent pas. » Les humilier est toujours lourd de conséquences. L’exemple turc est là pour le prouver 10 ans après que qu’on leur est stupidement ouvert, puis claquer la porte au nez. Il faut s’attendre à ce que la Pologne nous rende demain la monnaie de notre pièce en nous mettant en minorité sur d’autres sujets au détriment de nos propres intérêts.
La France a tout à perdre au jeu qu’Emmanuel Macron a choisi de jouer. S’il est indispensable de pouvoir avoir de grands combats et d’assumer des différents profonds ou des crises aiguës, encore faut-il que la cause le justifie !
Il est donc urgent de sortir de l’amateurisme et du narcissisme actuels pour redonner à la France une véritable politique internationale et européenne digne de ce nom. Car celle-ci n’est pas là pour servir l’image du président. C’est au contraire au chef de l’Etat de mettre son action internationale au service de la France et du projet européen qu’elle veut défendre dans l’intérêt du pays tout entier.