L’Assemblée nationale vient de commencer l’examen du projet de loi interdisant le cumul des mandats.

Le texte proposé est triplement insuffisant. Il reporte d’abord l’application du non cumul à 2017. Il « oublie » ensuite de limiter le nombre de réélections possibles pour un parlementaire. Il fait enfin l’impasse sur le problème de la surreprésentation de la fonction publique dans le personnel parlementaire.

Le report de l’application du non cumul à 2017 n’a d’autre fondement que de préserver la majorité parlementaire actuelle jusqu’à la fin du mandat de François Hollande. C’est un détestable motif alors que la crise de défiance s’aggrave. Aucune raison d’attendre 2017 donc. Au contraire, il est impératif d’appliquer le non-cumul dès 2014.

De même, il faut imposer le renouvellement unique pour tout mandat électif. Un élu ne doit plus pouvoir exercer plus de deux mandats consécutifs avant de céder sa place. Nous n’aurons plus de maire, député ou sénateur briguant de sixième ou septième mandat : tant mieux pour la démocratie française. Ce que nous perdrons en nostalgie, nous le gagnerons en énergie et en créativité.

Il convient enfin de mettre un terme à la surreprésentation de la fonction publique dans la vie politique. Pour cela, nous devons placer sur un pied d’égalité l’ensemble des candidats, qu’ils soient en particulier salariés des secteurs public ou privé. Chacun doit pouvoir bénéficier d’un congé sans solde pour se présenter une première fois aux élections avec réintégration automatique en cas d’échec à l’issue de ce congé. En revanche, personne ne doit bénéficier d’une quelconque garantie de réintégration, et a fortiori des bénéfices de l’ancienneté, à la fin de son mandat électif. Plus rien ne peut aujourd’hui justifier le maintien d’un tel privilège.

N’écoutons pas les sirènes conservatrices qui hurlent à la mort du député de terrain et à l’affaiblissement du Parlement. Rien n’empêchera des parlementaires, élus pour un mandat unique et une durée courte, de garder un ancrage territorial et de rester proches de leurs concitoyens. Au contraire, la perspective d’un retour rapide à la vie civile les en rendra plus proches.

Notre vie politique a un besoin urgent de revitalisation. L’accumulation des scandales le démontre avec fracas. Il n’est pas surprenant que tous les parlementaires impliqués dans ces scandales soient des cumulards, plusieurs fois réélus. Pour lutter contre la montée du populisme et la poussée des extrêmes, il faut mettre fin sans attendre aux rentes de situations, aux baronnies, ainsi qu’aux mauvaises habitudes et permettre un renouvellement tonique du personnel politique. Cela sera beaucoup plus efficace que n’importe quel front républicain.

Laisser un commentaire