Il est plus que légitime de nous offusquer du scandale d’espionnage des services français et de ceux de l’Union européenne par les États-Unis. Ce sont des pratiques inacceptables entre alliés. L’argument  des objectifs de sécurité nationale n’est pas recevable. Les États-Unis nous doivent des comptes.

Mais cette affaire a le mérite de rappeler que nous ne sommes pas dans un monde de bisounours. Comme les autres nations, les États-Unis n’ont d’autre but, derrière des déclarations, généreuses, que de défendre leurs propres intérêts. Nous devons en tirer toutes les conséquences, en termes de défense d’abord en portant notre effort à plus de 2% du PIB, en matière de télécommunications et d’infrastructures digitales ensuite, en développant nos propres champions au double niveau national et européen. De ce point de vue, il est une faute, voire un crime de n’avoir pas su développer de leaders français et européens du téléphone mobile, des logiciels ou des moteurs de recherche et d’abandonner Alcatel à son triste sort.


L’enjeu est le même pour ce qui concerne le financement de notre dette publique. La récente décision de la Banque Fédérale de modérer ses injections de liquidité en considération de la reprise aux États-Unis illustre la même priorité accordée aux intérêts nationaux. Les Etats-Unis gèrent leur politique monétaire en fonction de leurs propres intérêts économiques, et pas (ou si peu) de ceux du reste du monde. Le relèvement des taux d’intérêts qu’elle devrait entraîner représente un risque redoutable pour la France, dont l’évolution de la dette publique n’est toujours pas maîtrisée. Nous devons donc d’urgence assurer notre indépendance en stoppant la dérive budgétaire et en pratiquant une stratégie active de renationalisation et diversification du financement de notre économie.


Il est temps de renoncer à la naïveté. Si vis pacem, para bellum disait nos anciens. La formule reste vraie, mais doit maintenant être accompagnée d’une seconde : « si tu veux assurer ton indépendance, sois compétitif et à la pointe de l’innovation. » Notre liberté est à ce prix.

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