L’entrée en fonction du nouvel exécutif italien formé par la coalition entre le Mouvement 5 étoiles et de la Ligue est un défi pour l’Europe. Sa plateforme gouvernementale est, sur des points essentiels, en contradiction avec les règles de l’Union qu’il s’agisse des engagements budgétaires, de la disciple migratoire ou de la politique diplomatique.

Les promesses de campagne de la nouvelle majorité italienne, inconciliables avec le cadre actuel de l’Union européenne, imposent la renégociation des traités européens. La Ligue et le Mouvement 5 étoiles ont annoncé vouloir la mener au plus tôt. Ce sera pour tous l’heure de vérité, puisque la sortie de l’euro pourrait aussi être au programme.

Le défi est grand pour l’Union. L’Italie n’est pas seulement la troisième économie de la zone euro et un membre du G7. Elle est aussi un membre fondateur de l’UE. Une sortie de l’Italie de la zone euro ou de l’Union menacerait l’avenir de l’édifice européen tout entier.  La négociation chaotique du Brexit indique très clairement le chemin de croix que représentait, pour l’Italie d’abord, pour l’Europe ensuite, la réalisation d’un tel scénario.

Il y a urgence à agir. La panne européenne actuelle montre que les mots ne suffisent plus. Les envolées européennes volontaristes, mais solitaires du président Macron depuis son élection ont été impuissantes à créer la dynamique annoncée et à ranimer le moteur franco-allemand. Une autre méthode et une autre ambition sont nécessaires.

Plutôt que rechercher l’affrontement avec à une majorité toute juste élue et disposant de la légitimité des urnes, l’Union doit profiter de cette occasion pour accélérer les réformes réclamées depuis quatre ans, mais dont les peuples attendent toujours un début de réalisation. Le sommet de Sofia de jeudi dernier a encore montré une Europe à l’arrêt. Elle doit offrir un autre visage.

Il convient d’abord d’apporter une vraie réponse, coordonnée et efficace, à la crise des migrants. Les dirigeants de la plupart des pays de l’Union, à commencer par ceux de la France, ont jusqu’à présent, privilégié le chacun pour soi, abandonnant les pays les plus directement exposés, Italie et Grèce, à leur sort avec les conséquences que nous voyons aujourd’hui. Cette réponse, dans le respect des valeurs qui font la force et l’honneur de l’Union, impose en particulier la mise en place de moyens de police et de contrôle renforcés, ainsi qu’un juste partage de l’accueil des migrants légitimement acceptés sur territoire de l’Union.

Nous devons ensuite réformer enfin la gouvernance et le fonctionnement de l’Union afin de la rendre plus efficace et plus légitime. Jean-Claude Juncker ne dispose plus, après tant d’échecs, de la crédibilité nécessaire. Il devrait partir sans attendre et être remplacé par une personnalité forte, volontaire et convaincante. Il faut aussi s’attaquer à l’allègement de la bureaucratie bruxelloise, qui doit montrer l’exemple. Et il convient de renouveler les procédures actuelles, qui ont vieilli, et d’en mettre en place de nouvelles, en phase avec les besoins du temps.

Il faut enfin redonner goût à l’Europe aux peuples des pays de l’Union en proposant de nouveaux projets au service des citoyens, comme l’Europe de la santé ou celle de l’innovation, et en mettant en place, au sein de la zone euro, l’union de transferts indispensable pour lui donner un futur.

La crise italienne peut être mortelle pour l’Union. Elle peut aussi être sa chance. Plutôt que de céder au découragement ou au fatalisme, choisissons le sursaut et donnons à l’Europe l’avenir que nous voulons.

lfm_2016